Les citoyens mûrs pour une Europe plus active sur la scène internationale
Un sondage analysé par le think tank ECFR montre que les Européens sont prêts à soutenir une Europe plus autonome pour résoudre les défis diplomatiques du moment.
Que pensent les Européens de l'Europe et qu'attendent-ils de sa politique étrangère ? A la veille de la publication de la composition de la prochaine Commission européenne, le rapport de l'ECFR (European Council on Foreign Relations) tombe à pic. Sur la base d'un sondage qui a touché 60.000 personnes dans 14 Etats membres, l'étude révèle des positions bien plus audacieuses qu'imaginé des opinions publiques.
L'idée que les Européens, de plus en plus repliés sur eux-mêmes, se défieraient de toute politique étrangère commune est battue en brèche. Le rapport suggère au contraire qu'ils sont de plus en plus favorables à faire de l'Europe un « acteur global » fort et indépendant, pourvu qu'elle fasse preuve d'efficacité et agisse au nom de leurs intérêts. Une majorité des citoyens interrogés aurait ainsi plus confiance dans les institutions européennes que dans leur propre gouvernement pour défendre leurs intérêts face aux autres grandes puissances mondiales.
Les sanctions contre la Russie justifiées
Depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis , le niveau de confiance dans l'allié américain et la promesse de protection de l'Otan s'est effondré, poussant les Européens à prendre peu à peu en charge leur propre défense . Preuve qu'ils reconnaissent la « souveraineté stratégique » de l'Union, ils sont 57 % à soutenir ses efforts pour maintenir en vie le traité nucléaire avec l'Iran (JCPOA). Et sont presque aussi nombreux à trouver justifiées les sanctions contre la Russie du fait de son annexion de la Crimée et de ses ingérences en Ukraine. « Même s'ils sont très déçus par les résultats de la politique étrangère de l'Union ces dernières années, les citoyens ont une longueur d'avance sur les hommes politiques pour comprendre la nécessité d'une Europe plus forte dans un monde plus dangereux et plus concurrentiel », explique Susi Dennison, l'auteure du rapport. Ils n'ont pas besoin d'être convaincus par l'idée d'une Europe de la défense ; ils ont besoin qu'on leur montre comment l'Union européenne peut la mettre en oeuvre. »
Refus de l'élargissement
La confiance que les Européens sont prêts à mettre dans l'Union européenne a toutefois des limites. Le sondage montre qu'ils ne sont pas convaincus par l'efficacité de la stratégie européenne quand survient une guerre commerciale ou face aux pratiques commerciales déloyales de la Chine : moins de 20 % des citoyens pensent que l'Union européenne défend correctement les intérêts de leur pays dans ces deux cas.
Les citoyens expriment enfin dans leur majorité les plus grandes réserves au sujet d'un nouvel élargissement de l'Union . Les Allemands (46 %), les Autrichiens (44 %), les Français (42 %) et les Néerlandais (40 %) sont les plus hostiles à accueillir dans le giron de l'Union les pays des Balkans.
Catherine Chatignoux