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La Turquie et le Qatar font front commun face aux pays arabes

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a présidé au Qatar le cinquième comité stratégique bilatéral. Les deux Etats entretiennent des relations exécrables avec les pays arabes du golfe.

L'émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, posent pour la photo traditionnelle avant leurs entretiens ce lundi à Doha.
L'émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, posent pour la photo traditionnelle avant leurs entretiens ce lundi à Doha. (/AP/SIPA)

Par Yves Bourdillon

Publié le 25 nov. 2019 à 17:02Mis à jour le 25 nov. 2019 à 19:52

Deux des parias orientaux du monde arabe se concertent. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s'est rendu ce lundi au Qatar pour présider, avec l'émir Tamim ben Hamad Al Thani, le cinquième comité stratégique bilatéral. Tous deux sont à couteaux tirés avec les pays arabes du Proche-Orient, en premier lieu l'Arabie saoudite et l'Egypte.

Riyad comme rival commun

Le Qatar subit depuis 2017 un embargo total, terrestre, maritime et aérien d'une coalition d'une huitaine de pays arabes menée par Riyad. Doha a évité l'étranglement grâce aux approvisionnements par avions et navires turcs et iraniens. Si Ankara a volé au secours de l'émirat, ce dernier lui a aussi grandement rendu service quand la livre turque était sous pression en 2018 en raison de la politique économique non conventionnelle défendue par Recep Tayyip Erdogan. Le Qatar a injecté 15 milliards de dollars dans l'économie turque. Les deux pays sont aussi liés par un accord de défense depuis 2014. Recep Tayyip Erdogan a visité la base militaire de 5.000 hommes que son pays maintient au Qatar depuis lors et dont Riyad demande la fermeture.

Gaz naturel à tous les étages

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Le chef de l'Etat turc devait aussi signer des accords de coopération lundi soir. Le Qatar dispose d'une seule ressource, le gaz naturel, mais en est le quatrième producteur mondial, alors que son territoire est à peine supérieur à celui de deux départements français et compte seulement 200.000 citoyens pour une population de 2,5 millions de personnes. Ce qui lui permet de disposer du PIB le plus élevé du monde par habitant. Le Qatar a d'ailleurs annoncé lundi que dans le gaz naturel liquéfié (GNL), secteur où il est numéro un mondial, sa production de 77 millions de tonnes par an devrait augmenter de 63 % dans les huit ans qui viennent.

Un jeu géopolitique complexe

L'ostracisme dont souffrent Ankara et Doha dans le monde arabe s'explique par l eur ambition d e leadership idéologique du monde sunnite. Tous deux soutiennent ainsi l'organisation des Frères musulmans, engagée dans un entrisme méthodique en Occident et dont la branche locale avait pris le pouvoir en Egypte à l'occasion du printemps arabe, avant d'être renversée par un coup d'Etat militaire en 2015. La Turquie mène aussi, dans la guerre civile syrienne, un jeu contraire à celui de Riyad.

Quand l'armée turque a envahi la partie nord de la Syrie, occupée par les Kurdes, en octobre, l'opération a été dénoncée par tous les pays arabes, sauf le Qatar. Doha et Ankara sont, avec Téhéran, les seuls soutiens internationaux du Hamas, dans les territoires palestiniens. En revanche, si le Qatar s'est rapproché de l'Iran en réaction au blocus saoudien, la Turquie demeure rivale de Téhéran dans la guerre civile syrienne. Pour ajouter à la confusion, Ankara a acquis des systèmes russes de défense antimissiles S400, ce que les Etats-Unis considèrent comme incompatible avec son appartenance à l'Otan. Washington menace Ankara de sanctions dès l'activation de ces systèmes et Ankara, précisément, a commencé les tests des S-400 ce lundi…

Une certaine détente pourrait toutefois se profiler à l'horizon. Les analystes font grand cas de la venue à Doha des équipes de football d'Arabie saoudite, des Emirats et de Bahreïn à l'occasion du tournoi du Golfe. Pour Cinzia Bianco, chercheuse spécialiste du Golfe au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), « la visite d'Erdogan doit être lue dans le contexte d'une tentative d'apaisement entre le Qatar et l'Arabie saoudite », Erdogan voulant s'assurer que cela ne s'effectuerait pas au détriment des relations de Doha avec la Turquie.

Yves Bourdillon

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