La tournée de Mike Pompeo au Moyen-Orient infructueuse ?

Le secrétaire d'État américain espérait convaincre d'autres pays arabes de normaliser leurs relations avec Israël, comme les Émirats arabes unis.

Source AFP

Se disant « optimiste » au début de sa tournée lundi quant à la possibilité de voir d'autres pays suivre l'exemple des Émirats arabes unis, Mike Pompeo a essuyé un refus du Soudan et une objection de Bahreïn (photo d'illustration).
Se disant « optimiste » au début de sa tournée lundi quant à la possibilité de voir d'autres pays suivre l'exemple des Émirats arabes unis, Mike Pompeo a essuyé un refus du Soudan et une objection de Bahreïn (photo d'illustration). © NICHOLAS KAMM / AFP

Temps de lecture : 4 min

Après Israël, le Soudan et Bahreïn, Mike Pompeo a achevé jeudi sa tournée diplomatique au Moyen-Orient à Oman. Le secrétaire d'État américain s'est entretenu à Mascate avec le sultan Haitham ben Tarek. Aucune mention n'a été faite des relations du sultanat avec Israël. Or, le but de cette tournée était bien de convaincre d'autres pays arabes de normaliser, du moins dans l'immédiat, leurs relations avec Israël à l'instar des Émirats arabes unis.

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Se disant « optimiste » au début de sa tournée lundi quant à la possibilité de voir d'autres pays suivre l'exemple des Émirats, Mike Pompeo a essuyé un refus du Soudan et une objection de Bahreïn. L'accord historique entre les Émirats et Israël a été parrainé par les États-Unis, soucieux de capitaliser sur un succès diplomatique au Proche-Orient à l'approche de l'élection présidentielle américaine en novembre. Il fait des Émirats le troisième pays arabe à établir des relations avec Israël après l'Égypte (1979) et la Jordanie (1994).

« Coup de poignard »

Dénoncé comme un « coup de poignard » dans le dos par les Palestiniens, il a été plus ou moins bien accueilli dans les capitales arabes. « L'absence de tout engagement public supplémentaire (à normaliser les relations avec Israël) durant la tournée du secrétaire d'État Pompeo ressemble à un revers », souligne à l'Agence France-Presse Hugh Lovatt, de l'European Council on Foreign Relations. Cela est d'autant plus clair que « les responsables américains et israéliens ont passé des jours à faire miroiter la perspective que d'autres pays arabes vont suivre bientôt les Émirats », selon cet analyste.

Lire aussi Accord Israël-Émirats arabes unis : « Le Proche-Orient change radicalement »

À Khartoum, les autorités soudanaises ont expliqué au responsable américain qu'elles n'avaient pas de « mandat » pour prendre une telle décision durant la période de transition qui a suivi la chute de l'ancien président Omar el-Béchir et qui s'achève en 2022. Pour le Soudan, qui cherche à sortir d'une liste américaine de pays soutenant des organisations « terroristes », se rapprocher d'Israël permettrait de bénéficier de l'influence de l'État hébreu auprès de son allié américain. Bahreïn, petit royaume du Golfe qui partage avec Israël une grande animosité à l'égard de l'Iran, a souligné à Mike Pompeo la nécessité de créer un État palestinien avant toute normalisation.

La terre contre la paix

« La politique étrangère de Bahreïn est étroitement alignée sur celle de l'Arabie saoudite », rappelle Elham Fakhro, de International Crisis Group. « Du moment que l'Arabie saoudite a affirmé la semaine dernière son attachement à l'initiative de paix arabe, il est devenu évident que la position de Bahreïn suivrait celle de son grand voisin », selon elle. Sans critiquer ouvertement l'accord entre Israël et les Émirats, Ryad a dit s'en tenir au plan de paix arabe qui conditionne toute normalisation avec Israël à son retrait des territoires occupés en 1967, selon le principe de l'échange de « la terre contre la paix ».

Lire aussi Gérard Araud – Accord Israël-Émirats arabes unis : le triomphe de la Realpolitik

« Les calculs internes jouent également un rôle », estime Elham Kakhro, en faisant remarquer que pour Bahreïn comme pour Oman des franges sociales peuvent s'y opposer, et que les dirigeants des deux pays ne « veulent pas prendre ce risque ». Pour Hugh Lovatt, « les réticences (à la normalisation avec Israël) sont tout autant liées aux politiques régionale qu'interne et peut-être à la position de l'Arabie saoudite », un poids lourd moyen-oriental. « Mais à long terme, il s'agit peut-être plus d'un ralentisseur (du processus de normalisation) que d'un changement de cap », analyse-t-il.

Jared Kushner bientôt en visite à son tour

Et de souligner que « les pays en question (Bahreïn, Soudan, Oman, etc.) ont renforcé leurs relations discrètes avec Israël ces dernières années » et que « ce processus se poursuivra avec ou sans normalisation formelle ». Dans ce contexte, le conseiller à la Maison-Blanche Jared Kushner va tenter d'entretenir la « dynamique » en se rendant dans la région la semaine prochaine. Un haut responsable de la Maison-Blanche a indiqué que Jarek Kushner allait prendre le premier vol commercial direct entre Israël et les Émirats (Tel-Aviv-Abou Dhabi), à l'occasion de sa visite.

« Je suis très concentré sur mon voyage de la semaine prochaine au Moyen-Orient, j'espère que nous pourrons consolider très fortement cet accord de paix », a déclaré le gendre du président américain Donald Trump. « J'espère que nous pourrons utiliser cette percée pour avoir plus de dynamique », née de la normalisation des relations entre ces deux pays, a encore dit le conseiller à la Maison-Blanche en référence au processus de paix au Proche-Orient.

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Commentaires (5)

  • guy bernard

    Il a oublié un interlocuteur qui devient incontournable dans la région et qui est la Turquie.
    Dans sa stratégie de reconstitution d'une région arabe (et exclusivement arabe), la Turquie a conclu un accord avec le Hamas qu'il soutien et à qui il a offert la nationalité turque, ce qui laisse présager des actions en Europe.
    Pendant que nous traitons des accords commerciaux avec la Turquie, Erdogan poursuit sa stratégie qui a toutes les chances d’être fructueuse si on n'y met pas un terme.

  • TSLR

    Il sort, comme le fils a papa milliardaire aux cheveux péroxydés... Yess

  • Connetable44

    L'histoire de Mike Pompeo est vraiment bizarre (son passé universitaire, son cursus professional... ), on a vraiment l'impression qu'il ne devrait pas etre a ce niveau de responsabilites, un peu comme son patron le Donald.