Cession de l'aéroport de Toulouse : vers la fin de la préférence nationale

En privilégiant l'offre du consortium chinois dans la privatisation partielle de l'aéroport, l'exécutif a lancé un appel du pied aux investisseurs étrangers.

Source AFP

L'aéroport de Toulouse-Blagnac.
L'aéroport de Toulouse-Blagnac. © PHOTOPQR / LA DEPECHE DU MIDI / MAXPPP

Temps de lecture : 3 min

En privilégiant l'offre du consortium chinois Symbiose dans la privatisation partielle de l'aéroport de Toulouse, le gouvernement a commencé un programme de cessions d'actifs mais a surtout voulu lancer un message aux investisseurs étrangers, priés de croire que la France est bien un pays "pro-business". Jeudi, les ministres de l'Économie, Emmanuel Macron, et des Finances, Michel Sapin, ont annoncé avoir choisi ce consortium, composé de Shandong Hi-Speed Group et de Friedman Pacific Asset Management, un fonds d'investissement de Hong Kong, comme "acquéreur pressenti" de la part de 49,9 % mise en vente cet été par l'État sur les 60 % qu'il détient actuellement.

La newsletter Économie

Tous les jeudis à 17h

Recevez le meilleur de l’actualité économique.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Mais si cette première cession partielle du capital d'un aéroport de province est symbolique, les 308 millions d'euros que l'État compte empocher ne sont qu'une première étape. Mi-octobre, lors de la présentation du projet de loi pour l'activité visant à "déverrouiller l'économie française", Emmanuel Macron avait annoncé que l'État prévoyait de céder entre cinq et dix milliards d'euros de ses actifs dans les dix-huit prochains mois. La possibilité d'ouvrir le capital des aéroports de Nice et de Lyon, détenus aujourd'hui à 60 % par l'État, sera mentionnée dans la loi, a confirmé jeudi Emmanuel Macron. En outre, une ouverture du capital du gestionnaire du Réseau de transport d'électricité (RTE), filiale autonome d'EDF, a été évoquée récemment dans la presse.

Le prix, "critère essentiel"

Et la décision sur Toulouse-Blagnac montre que la préférence nationale, jusque-là favorisée par la France, n'a plus cours. Dans un entretien au quotidien La Dépêche du midi, Emmanuel Macron a d'ailleurs reconnu que le prix avait été "le critère essentiel" dans le choix du consortium chinois. Une décision qui a suscité des inquiétudes tant au niveau national que local. Nicolas Dupont-Aignan a évoqué une décision "anti-économique" et "absurde", tandis que Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique, social et environnemental de Midi-Pyrénées, a estimé que "l'État hypothèqu[ait] l'avenir".

Faut-il pour autant s'inquiéter de voir des investisseurs chinois racheter les quelques entreprises encore contrôlées par l'État ? "Chaque rachat est un cas particulier. Il n'y a pas de stratégie globale de la Chine en France", nuance Camille Chen, auteur de Investissements chinois en France : mythes et réalités. "Toulouse est très connue des Chinois en raison d'Airbus. C'est une démarche économique, certes avec un aspect stratégique, mais pas politique, sinon que les pouvoirs publics français sont beaucoup plus ouverts aux investisseurs étrangers", complète François Godemont, directeur du programme Asie-Chine au Conseil européen des affaires étrangères (ECFR).

Réponse au "French bashing"

"Les Chinois se comportent comme tous les épargnants qui ont une masse d'épargne sur le dos, passant d'une logique monétaire à une logique d'actifs", ajoute François Godemont. Et les infrastructures européennes représentent un investissement stable, stratégique et rentable. Après avoir commencé en rachetant des ports grecs ou portugais en 2007, des investisseurs chinois ont récemment pris position dans le rail et les autoroutes, en Europe de l'Est et en Grande-Bretagne.

Pour le gouvernement, cette ouverture aux capitaux étrangers est aussi une façon de montrer que la France, même en période de dénigrement anti-français (French bashing), peut être une terre d'accueil pour les investisseurs. "Demain, le premier marché d'Airbus sera la Chine. On ne peut pas expliquer à la Chine qu'elle est bien placée quand il s'agit de vendre des avions, mais que les investisseurs [...] qui ont une vraie offre, avec un vrai projet industriel, ne seraient pas bienvenus sur notre territoire", a réagi Emmanuel Macron vendredi, à la sortie du congrès national de l'UNAPL.

Une mission loin d'être gagnée. En novembre, le groupe espagnol Ferrovial, actionnaire de l'aéroport britannique d'Heathrow, avait jeté l'éponge dans le dossier de l'aéroport toulousain. De source proche, Ferrovial avait expliqué considérer que la France était un territoire hostile aux étrangers.


À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaires (63)

  • eryepsab

    1 pays ruiné a vendu la moitié du port du Pirée aux chinois...
    on connaît la suite !

  • PEP17

    Rien compris !

    Les abominables sociétés kapitalistes françaises font des proffffffits.

    Le petit homme jaune inoffensif, lui, se contente de jouer au monopoly.

  • kampot

    Une fois de plus les socialistes montrent leur vrai visages ! Ils attaquent les concessions d'autoroutes détenues a la grandes majorité par des groupes français et de l'autre il bradent les aéroports a des chinois dont les intérêts sont loges un paradis fiscal tandis que le partenaire est radié de la banque mondiale pour trafic d'influence... Cette affaire s'annonce prometteuse...