Quand la Chine tend la main aux Taïwanais

Les Taïwanais seront dispensés de visa pour se rendre en Chine continentale à partir de juillet prochain. Une révolution !

Par Junzhi Zheng

Les Taïwanais seront dispensés de visa pour se rendre en Chine continentale à partir de juillet.
Les Taïwanais seront dispensés de visa pour se rendre en Chine continentale à partir de juillet. © TPG/NEWSCOM/SIPA

Temps de lecture : 3 min

Les événements s’enchaînent autour du détroit de Formose. Dimanche 14 juin lors de la 7e édition du Forum du détroit tenu à Xiamen, Yu Zhengsheng, membre du Comité permanent du Bureau politique du Parti communiste chinois, a déclaré que les Taïwanais n’auront plus besoin de visa pour se rendre en Chine continentale. Une première dans l’histoire sino-taïwanaise post-guerre civile et qui sera officialisée à partir de juillet.

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Dans l’esprit des autorités de Pékin, il s’agit de rappeler que l’île de 23 millions d’habitants est « une partie intégrante » de son territoire « sacré ». La République populaire de Chine multiplie ses avances depuis 2008, année où le Kuomintang (KMT), parti nationaliste taïwanais pro-chinois, revient au pouvoir. Pour le sinologue Jean-Luc Domenach, il s’agit d’une « mesure extrêmement habile qui va permettre à la Chine de se faire admirer par un nombre plus grand de touristes taïwanais, dont les naïfs, comme il en existe dans tous les pays, seront impressionnés face à la grandeur de la Chine. »

Opération de séduction

La nouvelle mesure simplifiera les démarches administratives pour les Taïwanais désireux de se rendre sur le continent chinois. Mais l’inverse n’est pas vrai. Le gouvernement taïwanais n’a pas renvoyé l’ascenseur. Pour les Chinois qui souhaitent visiter Taïwan, un « permis d’entrée », équivalant à un visa, est toujours requis.

La raison ? Selon Jean-Pierre Cabestan, spécialiste de Taïwan, depuis le mouvement Tournesol du printemps 2014, où des étudiants remontés protestant contre l’accord de libre-échange entre les deux rives du détroit avaient occupé le Parlement à Taipei, les Taïwanais sont bien plus réservés à l'égard de la stratégie d'intégration mise en œuvre par la Chine et à laquelle le KMT a collaboré. Une prise de distance avec la Chine et une meilleure défense des intérêts de Taïwan est souhaitée par la majorité de la population. La jeune démocratie craint une tutelle politique à la hongkongaise.

Jean-Pierre Cabestan souligne aussi que cette nouvelle mesure destinée à « faciliter les échanges entre les compatriotes des deux côtés » n’est pourtant pas si « révolutionnaire ». Selon lui, « Pékin continuera de refuser de reconnaître le passeport de la République de Chine (Taïwan). » Concrètement, les Taïwanais vont utiliser une « carte de compatriote taïwanais » électronique émise par les autorités de Chine communiste pour aller voyager de l’autre côté de la frontière. Histoire de « les attirer, puis [de] les surveiller et contrôler plus facilement », affirme Jean-Luc Domenach.

Les deux rives du détroit

Le détroit de Formose (détroit de Taïwan en chinois) est la frontière naturelle entre la Chine continentale et l’île de Taïwan. En 1949, la guerre civile opposant le Parti communiste chinois (PCC) dirigé par Mao au Kuomintang (KMT), parti nationaliste mené par Tchang Kaï-chek, se termina par l’échec du dernier. La majeure partie du territoire chinois étant sous les mains des communistes, le KMT se réfugia à Taïwan, suivi d'une migration massive.

Malgré la divergence idéologique, les deux « Chine » ne sont pas prêtes à couper le cordon. Économiquement, la Chine continentale est le premier partenaire de Taïwan. D’après l’agence Chine Nouvelle, cinq millions de Taïwanais ont séjourné en Chine continentale en 2014, quatre millions de Chinois se sont rendus à Taïwan. La Chine reste la destination préférée des touristes taïwanais, devant le Japon et Hong Kong.

Une réunification sino-taïwanaise est-elle envisageable ? François Godement, historien et spécialiste de la Chine, est sceptique : « Il ne faut pas confondre l’échange et le rapprochement politique. »

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Commentaire (1)

  • Leshan

    Je suis stupéfait de voir le mélange qui est fait entre Taïwan (petite chine en chinois) et Formose non donné à Taïwan par les japonais lorsqu'ils ont occupé l'ile pendant la seconde guerre mondiale, par ailleurs les négociations entre la partie continentale de la Chine et l'ile chinoise de Taïwan ont débuté depuis des années, elles ont pour but de réunifier la Chine, or les pourparlers avancent à grands pas, d'ailleurs le grand défilé militaire qui va avoir lieu à Pékin, place Tian An Men pour commémorer la victoire de la Chine sur le Japon en 1945 de hauts dirigeants Taïwanais seront présents, d'ailleurs dans moins de dix ans la Chine sera réunifiée avec le rattachement de l'ile chinois de Taïwan à la mère patrie, en fin souvenons nous qu'un vieux proverbe chinois qui dit ceci "celui qui va vite avance plus lentement", les sinologues français de salon devraient méditer sur ce proverbe qui en dit long sur la différence de la pensée chinoise et de la pensée occidentale !.