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ÉLECTION MUNICIPALE - Imamoğlu large vainqueur

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Écrit par Jonathan Grimmer
Publié le 24 juin 2019, mis à jour le 11 janvier 2021

Déclaré vainqueur pour seulement 13 000 voix lors de l'élection controversée du 31 mars dernier, le candidat du CHP a de nouveau remporté la mairie d'Istanbul, hier, avec près de 800 000 voix de plus que son rival Binali Yıldırım. Un succès qui porte un sérieux coup au prestige de Recep Tayyip Erdoğan, ainsi qu'au portefeuille de son parti l'AKP.

Cette fois-ci, sa victoire ne souffre d’aucune contestation. Près de deux mois après avoir été déchu de son poste de maire pour cause d’irrégularités, Ekrem Imamoğlu a de nouveau remporté les élections municipales d’Istanbul, hier, avec 54,03% des suffrages, devançant de 780 000 voix Binali Yıldırım (45,04%).

Ce dernier n’a d’ailleurs pas tardé à reconnaitre sa défaite : aux alentours de 19h20, avant même la publication des résultats officiels, le candidat de l’AKP a félicité son rival et lui a souhaité bonne chance dans ses nouvelles fonctions. Peu après, c’était au tour de Recep Tayyip Erdoğan d’adresser ses félicitations à celui que l’on présente déjà comme son principal opposant pour la présidentielle de 2023. « La volonté nationale s'est de nouveau manifestée aujourd'hui. Je félicite Ekrem Imamoğlu qui a remporté l'élection selon des résultats officieux », a-t-il tweeté. C’est la première fois en 17 ans que le président turc ne s’exprime pas en direct juste après une élection, rappelle le quotidien Le Monde. Par ailleurs, comme pour souligner sa stature internationale après cette défaite à une élection locale, Erdoğan a aussitôt publié un nouveau message détaillant son agenda du mois juin, qui comprend notamment le sommet du G20 et une visite en Chine.

Réaction en chaîne ?

Devant une partie de ses partisans réunis à Beylikdüzü, Ekrem Imamoğlu a remercié « les 16 millions de Stambouliotes qui ont redonné confiance en la démocratie turque et en la justice ». Et d’ajouter, fidèle à sa posture de rassembleur : « Cela a été rendu possible pas uniquement par ceux qui ont voté pour moi, mais par tous les citoyens qui nous ont aidés à mener cette élection avec une grande maturité et une grande sérénité. » L’ancien homme d’affaires de 49 ans en a également profité pour tendre la main à l’homme fort de Turquie. « Monsieur le Président, je suis prêt à travailler en harmonie avec vous sur les problèmes urgents d'Istanbul, tels que la sécurité sismique, la construction du métro, les réfugiés syriens, etc. »

Reste maintenant à savoir quel sera l’impact de la victoire du CHP à Istanbul, bastion des partis islamo-conservateurs depuis 25 ans, sur la vie politique turque. Pour Asli Aydintasbas, analyste pour le Conseil européen des relations internationales, c’est d’abord au niveau du portefeuille que cette défaite va se faire sentir.  « Perdre Istanbul signifierait perdre une source de revenus importante pour l’appareil politique d’AKP, allant des subventions aux partis alliés aux contrats de construction et aux fonds destinés aux médias pro-gouvernementaux », décrypte-t-elle au New York Times. Un manque à gagner si important que la journaliste n’exclut « une réaction en chaîne menant à des élections anticipées plus tard cette année ou en 2020 ».

Sur le plateau de France 24, la journaliste Fatma Kizilboga a elle estimé que le revers essuyé par l’AKP était le signe d’une opposition au discours de plus en plus clivant d’Erdoğan. « Il en est arrivé à un point où il accuse tous ses opposants d’être des terroristes. C’est ce qui a provoqué cette lassitude au sein de la population. »

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