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Le Darfour, première victime des coupes budgétaires de l’ONU

Le budget de la Minuad, la force mixte des Nations unies et de l’Union africaine déployée au Darfour depuis 2007, va être réduit de 60 millions de dollars.

Par  (New York, Nations unies, correspondante)

Publié le 01 juillet 2017 à 11h24, modifié le 03 juillet 2017 à 10h06

Temps de Lecture 3 min.

Le camp de réfugiés de Nyala, au Darfour du Sud.

En 2004, Washington avait accusé Khartoum de mener un génocide au Darfour, une vaste région désertique dans l’ouest du Soudan. En 2016, Amnesty International incriminait le gouvernement d’Omar Al-Bachir – un président toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale – dans l’utilisation d’armes chimiques dans la région montagneuse du djebel Marra. Le Conseil de sécurité de l’ONU a pourtant validé à l’unanimité, jeudi 29 juin, des coupes sévères dans le budget et les forces déployées au sein de la Minuad, la mission de maintien de la paix conjointe des Nations unies et de l’Union africaine déployée depuis 2007 au Darfour.

Avec un budget annuel d’un milliard de dollars (877 millions d’euros), la Minuad était l’une des plus importantes et des plus coûteuses opérations pour les Nations unies. Mais son budget opérationnel sera réduit de 60 millions de dollars pour passer sous la barre symbolique du milliard. Son effectif sera amputé d’un tiers, passant de 17 000 hommes à 11 000 casques bleus et policiers. L’ONU a néanmoins fixé quelques garde-fous. Ces coupes sont conditionnées à la bonne volonté et à la protection que le gouvernement soudanais assurera dans les zones où les casques bleus doivent être retirés. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, doit évaluer dans six mois si « les conditions sur le terrain sont toujours propices à d’autres réductions ».

Pression de l’administration Trump

« Nous ne fermons pas les yeux sur le Darfour », a affirmé Peter Wilson, l’ambassadeur adjoint britannique à l’ONU. « Nous reconnaissons que la situation demeure fragile. (…) Toutefois, nous ne pouvons occulter le fait qu’elle a évolué et il est normal que la Minuad s’adapte pour refléter cette réalité. » L’ONU s’était pourtant émue début juin d’une reprise des combats entre les forces gouvernementales et une faction de l’Armée de libération du Soudan, la faction Mina Minawi, après plusieurs mois d’accalmie.

L’administration Trump avait mis sous pression les Etats membres pour réduire drastiquement le budget de toutes opérations de maintien de la paix. Washington avait demandé initialement une économie d’un milliard de dollars. L’Assemblée générale a finalement validé, vendredi, et après deux mois de négociations, un budget annuel de 7,3 milliards de dollars pour les quinze opérations qui restent en activité, soit 600 millions de dollars d’économie. Toutes les opérations sont touchées à des degrés divers. La Minuad est celle qui pose le plus de questions.

« Il n’y a aucune raison de croire que les attaques du gouvernement sur des civils et d’autres abus ont cessé, puisque les mêmes forces de sécurité restent en place »

Plusieurs ONG ont pointé du doigt le risque d’une réduction des effectifs dans une région où 300 000 civils ont été tués depuis 2003, en faisant valoir que des pans entiers de territoire resteront sans témoin international. Les agences d’aide humanitaire ont indiqué quant à elles qu’il leur serait désormais difficile d’apporter de l’aide aux 2,5 millions de déplacés par le conflit.

« Il n’y a aucune raison de croire que les attaques du gouvernement sur des civils et d’autres abus ont cessé, puisque les mêmes forces de sécurité restent en place. Ils n’ont jamais été poursuivis pour leurs crimes et on ne peut se reposer sur eux pour protéger les civils », a ainsi regretté Daniel Bekele, directeur Afrique au sein de l’organisation Human Rights Watch, dans un communiqué diffusé le 14 juin.

Richard Gowan, expert au Conseil européen des relations internationales, relativise ces répercussions. La Minuad « était une trop faible force depuis le début (…) Le gouvernement soudanais et les milices n’ont cessé de la harceler et de limiter ses mouvements. Les officiels onusiens avaient abandonné depuis des années cette opération. D’une certaine façon, elle est sacrifiée pour protéger d’autres opérations de coupes drastiques », juge-t-il.

La mission de l’ONU au Mali épargnée

Exemple, la Minusma, l’opération de l’ONU au Mali, la plus meurtrière de l’histoire pour ses casques bleus et qui évolue dans un environnement extrêmement hostile, en proie à la violence des groupes djihadistes, a été épargnée. Son plafond de troupes est stable à 13 000 casques bleus et son mandat reste essentiellement politique et local avec la mise en œuvre, dans le nord du pays, des accords de paix signés en 2015.

Le texte précise les contours du nouveau partenariat stratégique entre l’ONU et les instances africaines. La Minusma doit désormais appuyer le déploiement logistique et opérationnel des forces de sécurité maliennes sur l’ensemble du territoire et coordonner son action avec « Barkhane » et la force régionale africaine antiterroriste du G5 Sahel, dont le lancement doit avoir lieu dimanche à Bamako en présence d’Emmanuel Macron.

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