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Frappes en Syrie : des négociations « pour le théâtre » au Conseil de sécurité de l’ONU

Washington a présenté aux Nations unies des demandes que la Russie ne pouvait pas accepter, afin de justifier les frappes contre le régime Assad.

Par  (New York, Nations unies, correspondante)

Publié le 07 avril 2017 à 11h16, modifié le 07 avril 2017 à 12h02

Temps de Lecture 2 min.

L’ambassadeur adjoint de la Russie à l’ONU, Vladimir Safronkov, à New York, le 6 avril.

Les premiers missiles Tomahawk sont tombés quelques minutes à peine après l’ajournement des négociations sur trois textes distincts de résolutions condamnant les attaques chimiques en Syrie, laissant à peine le temps à tous les diplomates de quitter le siège des Nations unies. Seul l’ambassadeur adjoint russe à l’ONU, Vladimir Safronkov, s’est attardé dans l’espace réservé à la presse pour lancer un avertissement à Washington.

« S’il y a des actions militaires, toute la responsabilité sera sur les épaules de ceux qui auront initié une telle entreprise tragique et douteuse. Nous devons penser aux conséquences négatives. Regardez l’Irak, regardez la Libye », a-t-il lancé en référence à deux opérations militaires que Moscou a toujours critiquées. La Russie a annoncé, vendredi 7 avril, qu’elle demanderait la tenue d’une réunion en urgence du Conseil de sécurité.

« Réengagement » ou « dédouanement » ?

Le temps est maintenant à l’analyse des conséquences de telles frappes ciblées. « Il faut laisser retomber la poussière », assure François Delattre, le représentant français à l’ONU. « Si ces frappes sont un avertissement adossé à un réengagement politique des Américains à Genève [où se tiennent des pourparlers de paix], pourquoi pas, estime-t-il. Si ce sont des frappes de dédouanement, pour solde de tout compte et pour marquer une plus grande fermeté sur le dossier syrien que le président Obama, alors cela n’apportera rien de positif. »

Toute la journée de jeudi, les diplomates du Conseil de sécurité avaient mené des négociations « pour le théâtre », selon M. Delattre, qui avait été tenu au courant avec son partenaire britannique de l’imminence des frappes américaines. Washington avait volontairement présenté un texte de résolution qui obligeait le régime syrien à fournir les plans de vol et le nom de tous les commandants d’hélicoptères qui auraient pu participer à l’attaque contre la ville de Khan Cheikhoun. Une demande inacceptable, dans le but de provoquer un veto de Moscou et de justifier ainsi l’option militaire.

« Espoir en ruine »

Mais les Russes auraient accepté de négocier une version modifiée du texte, puis les dix membres non permanents ont présenté un texte de compromis pour « retarder les frappes autant que possible », selon un diplomate européen, qui décrit des négociations « très houleuses » avec Nikki Haley, l’ambassadrice américaine. Celle-ci a préféré ajourner le vote. Mme Haley a joué un rôle-clé dans la décision de l’administration Trump d’intervenir en Syrie, après avoir assuré, mercredi, que les Etats-Unis étaient prêts à mener des actions unilatérales, une semaine à peine après avoir déclaré qu’il fallait « choisir ses batailles » et que Bachar Al-Assad n’était « plus la priorité » de Washington.

« Ce serait une grave erreur de croire que tout cela était planifié », estime une source diplomatique, pour qui le degré d’improvisation américaine était visible. « C’est incroyable de voir qu’il y a quelques mois il semblait possible que Donald Trump puisse forger une sorte de nouvelle alliance avec la Russie à l’ONU, s’étonne Richard Gowan, expert au Conseil européen des relations internationales. Cet espoir est en ruine : les relations sont aussi mauvaises qu’au cours des derniers mois de l’ère Obama. » Et la perspective d’une coopération sur le dossier syrien réduite à néant.

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