L’indignation suscitée par la mort de 58 Palestiniens, tués à Gaza, lundi 14 mai, sous des tirs israéliens, a entraîné une intense activité diplomatique à l’ONU. Le Conseil des droits de l’homme, basé à Genève, a voté, vendredi 18 mai, l’envoi en urgence d’une commission d’enquête internationale indépendante qui devra rendre ses conclusions avant mars 2019. Sur les 47 membres que compte l’institution, seuls les Etats-Unis et l’Australie s’y sont opposés, 14 autres pays – parmi lesquels la Suisse, l’Allemagne et le Royaume-Uni se sont abstenus.
Ces enquêteurs seront chargés de faire la lumière sur « toutes les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire » à Jérusalem-Est et Gaza, « dans le contexte des assauts militaires menés lors des grandes manifestations civiles qui ont commencé le 30 mars 2018 », y compris ceux qui pourraient relever de « crimes de guerre ».
Lors de cette session extraordinaire, le haut-commissaire aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al-Hussein, a accusé l’Etat hébreu d’avoir violé le droit international humanitaire. « Le fort contraste entre le nombre de victimes des deux côtés suggère que la réponse [d’Israël] était totalement disproportionnée », a t-il relevé assurant que les morts palestiniens résultaient « d’un usage illégal de la force ».
« Force de protection internationale »
Cette enquête a toutefois peu de chances d’aboutir selon Richard Gowan, expert au Conseil européen des relations internationales.
« Les Israéliens et les Américains vont ignorer ses conclusions (…) Au mieux, elle offrira un soutien moral aux Palestiniens qui n’ont aucune perspective de gagner des batailles politiques au sein du Conseil de sécurité actuellement. »
Ce vote a suscité la consternation de l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, qui avait vanté, mardi 15 mai, la « retenue » d’Israël et accusé le Hamas d’être à l’origine des violences. Elle a réprouvé l’ouverture d’une enquête « sur la légitime défense d’un pays démocratique à sa propre frontière contre des attaques terroristes ». Très critique du Conseil des droits de l’homme, à qui elle reproche son biais à l’égard d’Israël, la représentante a aussitôt dénoncé « un nouveau jour de honte pour les droits de l’homme ». Elle n’a, pour autant, pas annoncé le retrait des Etats-Unis de cet organe dont elle réclame une réforme en profondeur.
Le même jour, au siège de l’ONU à New York, le Koweït a saisi le Conseil de sécurité d’un projet de résolution appelant à déployer une « force de protection internationale » pour le peuple palestinien qui sera discuté dès lundi. Cette initiative devrait se heurter au veto des Américains, alliés d’Israël, mais aussi au risque de division parmi les autres Etats membres. Ces derniers pourraient se montrer inquiets de la nature de cette « force de protection » et des pressions américaines. Un diplomate regrette « un texte peu cohérent avec l’objectif politique recherché de souligner l’isolement des Américains ». Faute de révision, il pourrait même envoyer « le message inverse », s’alarme-t-il.