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People dance at the Republic Square in Yerevan, Tuesday, May 8, 2018. Tens of thousands of supporters of Nikol Pashinian are celebrating on the central square of Armenia's capital after the protest leader was elected the country's prime minister. (AP Photo/Thanassis Stavrakis)
THANASSIS STAVRAKIS / AP

La Russie en perte de contrôle sur ses anciens satellites

Par  (Moscou, correspondante)
Publié le 15 février 2019 à 12h40, modifié le 17 février 2019 à 03h18

Temps de Lecture 13 min.

Lorsque Nikol Pachinian s’est avancé vers son hôte, l’accueil a été un peu frais. « Alors, vous êtes venu à pied jusqu’à Sotchi ? », l’a toisé Vladimir Poutine. Ce 14 mai 2018, le chef du Kremlin recevait pour la première fois, sur les bords de la mer Noire, le nouveau dirigeant arménien. Après plusieurs semaines de manifestations dans son pays, qu’il a parcouru à pied, en baskets, pour rallier la population dans son combat contre la corruption, il est arrivé au pouvoir une semaine auparavant. Le pire des scénarios aux yeux de Moscou.

Les deux hommes ont su s’adapter. Le président russe n’a pas cherché à interférer dans la « révolution de velours » qui a emporté, à Erevan, l’ancien régime installé depuis des décennies et avec lequel Moscou entretenait des liens étroits. Trop risqué, après l’Ukraine. De son côté, l’ex-opposant arménien, âgé de 43 ans, a pris soin de rassurer son interlocuteur en fournissant des gages de bonne volonté. Alors qu’il était encore en période de transition, le gouvernement fraîchement formé par Nikol Pachinian a ainsi envoyé 100 militaires en Syrie, s’attirant au passage l’attention sourcilleuse des Etats-Unis.

Ancien opposant, le nouveau premier ministre arménien, Nikol Pachinian, est acclamé par la foule, le 8 mai 2018.

Officiellement, il s’agissait d’une opération « humanitaire » à destination de l’importante diaspora arménienne implantée en Syrie, notamment à Alep. Officieusement, le ministère de la défense arménien répondait à une requête pressante de la Russie de participer au déminage du territoire syrien. Quelques mois plus tard, le 25 janvier, à Moscou, Nikol Pachinian prenait, au nom de l’Arménie, la présidence de l’Union économique eurasiatique (UEEA), une association de plusieurs pays ex-soviétiques, qu’il avait pourtant vertement critiquée quand il était dans l’opposition. La dépendance de ce petit pays du Caucase de 3,5 millions d’habitants à l’égard de son puissant voisin russe est bien trop importante pour renverser la table.

« A quel point un pays affichant des ambitions de gouvernance démocratique peut-il cohabiter avec des gouvernements autoritaires ? »

Il n’empêche. « A quel point un pays affichant des ambitions de gouvernance démocratique peut-il cohabiter avec des gouvernements autoritaires ? », s’interroge tout haut Artur Sakunts, président de la branche arménienne du Groupe d’Helsinki, un réseau civil pour la défense des droits de l’homme créé dans l’espace soviétique. Au sein de la Communauté des Etats indépendants (CEI), l’alliance qui a pris la succession de l’URSS en 1991, la Géorgie et l’Ukraine ont déjà rompu les ponts, en 2009 pour la première, définitivement en 2018 pour la seconde. Sur les neuf pays restants, trois autres ont connu une alternance politique encore rarissime dans l’espace post-soviétique. La Moldavie, le Kirghizistan et, désormais, l’Arménie côtoient ainsi des régimes inamovibles, fortement calqués sur le modèle traditionnel soviétique.

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