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Le dilemme européen face la crise biélorusse

Les pays baltes et la Pologne sont aux avant-postes contre Loukachenko. Paris et Berlin veillent à éviter toute comparaison avec les révolutions de couleur, en espérant que Vladimir Poutine facilite une transition pacifique à Minsk.

Publié le 26 août 2020 à 11h07 Temps de Lecture 5 min.

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Des opposants biélorusses devant un bâtiment gouvernemental, place de l’Indépendance, à Minsk, le 19 août.

Des « rats ». Dans son hélicoptère survolant le parcours de la manifestation géante du 23 août à Minsk, Alexandre Loukachenko a désigné ainsi ses concitoyens révoltés, qui venaient de se disperser. Il ne s’agit pas seulement d’une rodomontade de la part d’un dirigeant vaniteux, incapable de comprendre le désaveu massif qui le frappe. Des « rats ». Le mot signe une déshumanisation, une incapacité à admettre la légitimité des contradicteurs, surtout si nombreux, si obstinés, résistant aux coups et aux chantages, aux violences et aux intimidations.

Lorsqu’un président traite ainsi les opposants − après les avoir présentés comme des alcooliques, des drogués et des oisifs −, on ne devrait pas nourrir de doute sur son incapacité à négocier, à accepter un compromis, à renoncer au pouvoir pacifiquement. Et pourtant, les pays européens maintiennent cette ligne. Ils appellent de leurs vœux un dialogue national, alors même que plusieurs membres du Conseil de coordination de l’opposition sont arrêtés ou interrogés. Ils souhaitent la tenue d’un nouveau scrutin présidentiel, qui signerait pour Alexandre Loukachenko la fin humiliante de sa carrière politique, lui qui se croit indispensable, comme tous les tyrans.

Comment justifier ces contradictions et la nécessité de se contenter de gestes symboliques ? Par l’absence d’alternative sérieuse. « Il est impossible de ne rien faire, mais si on en fait trop, cela compliquera le contexte, résume Nicu Popescu, analyste au European Council on Foreign Relations (ECFR). La stratégie publiquement minimaliste est justifiée. » Cette position européenne est liée à la fois au facteur russe et à la nature même de l’opposition biélorusse. Le premier point relève de la géopolitique. Il ne peut être négligé, tant le spectre des « révolutions de couleur » a déterminé, depuis le début des années 2000, l’agressivité et l’esprit revanchard de Moscou à l’égard de l’Occident.

Pour des raisons de sensibilité historique naturelle, les dirigeants baltes ont été aux avant-postes depuis l’élection frauduleuse du 9 août. Le 17 août, les chefs d’Etat de ces trois pays et de la Pologne ont tenu une visioconférence pour demander la tenue d’un nouveau scrutin en Biélorussie. Gitanas Nauseda, le président lituanien, a pris place dans la chaîne de solidarité imposante qui s’est formée le 23 août jusqu’à la frontière biélorusse.

C’est à Vilnius aussi que s’est réfugiée Svetlana Tsikhanovskaïa, candidate surprenante à l’élection présidentielle en remplacement de son mari emprisonné. A l’unanimité, les 120 députés lituaniens ont voté pour ne pas reconnaître Loukachenko comme président légitime.

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