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« L’Allemagne devra prendre une décision fondamentale en accord avec ses partenaires pour donner à l’Europe une nouvelle orientation »

L’arrêt de la Cour constitutionnelle allemande sur les rachats de la dette publique par la Banque centrale européenne montre le manque de vision de la politique européenne allemande et représente une chance pour l’Europe, explique le géoéconomiste Jonathan Hackenbroich, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 19 mai 2020 à 06h00, modifié le 19 mai 2020 à 08h22 Temps de Lecture 6 min.

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Tribune. L’Allemagne faisait autrefois tomber les murs, pour ce qui concerne la politique européenne. Mais c’est désormais la politique européenne de la République fédérale elle-même qui est entièrement emmurée : elle ne peut ni avancer ni reculer, et même faire un pas sur le côté n’est plus possible.

Car, la Cour constitutionnelle fédérale à Karlsruhe s’est récemment prononcée sur le programme de rachat de dette publique de la Banque centrale européenne (BCE). Cet arrêt ne crée pas seulement des difficultés pour le système juridique européen, mais il risque aussi de bloquer le dernier recours du gouvernement fédéral dans sa politique européenne.

Que signifie tout cela ?

Au cours des dernières années, le manque de vision de la politique européenne allemande a fait couler beaucoup d’encre. Même lorsque le président français Emmanuel Macron a présenté sa vision de l’avenir de l’Europe et invité l’Allemagne à y contribuer, Berlin ne s’est pas montré particulièrement actif.

Il y a bien eu le traité franco-allemand d’Aix-la-Chapelle [le 22 janvier 2019], mais son influence a été limitée. Le président Macron semble ainsi s’efforcer depuis quelques mois, de donner à la politique européenne une autre direction, en ne s’appuyant pas autant sur l’Allemagne.

L’opinion publique et le droit

L’immobilité de Berlin s’explique déjà par le fait que, pendant de nombreuses années, le statu quo en Europe lui convenait. Alors que d’autres en Europe doutaient de plus en plus des bienfaits de l’Union européenne (UE) pour leur prospérité, l’Allemagne était particulièrement bien lotie (grâce, il faut le dire, à ses réformes des années 2000 avant lesquelles l’Allemagne était l’homme malade de la construction européenne).

Mais surtout, trois contraintes structurelles contradictoires empêchent l’Allemagne aussi bien d’avancer que de reculer.

Tout d’abord, il y a l’opinion publique. Il serait très difficile de convaincre la population allemande de mettre en place une mutualisation de la dette, une redistribution de richesse entre les économies européennes et une plus grande intégration européenne. Même avant la crise, beaucoup dans les rangs du parti d’Angela Merkel craignaient que modifier la position allemande sur la politique de la zone euro reviendrait à faire le jeu du parti d’extrême droite AfD.

Le droit constitutionnel et le droit européen sont les deuxièmes obstacles à la politique européenne allemande. Si nous avancions vers une union fiscale et l’émission d’obligations communes, comme il serait logique de le faire sur le plan économique (pour la stabilité) et géostratégique (pour le rôle international de l’euro), le débat toucherait rapidement au fondement même de la République fédérale. La compétence budgétaire du Bundestag est en effet au cœur de la souveraineté nationale allemande.

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