Oubliez Merkozy et Merkollande : cette semaine, c'est Obamerkel. Pendant trois jours, de l'ouverture du G8, lundi 17 juin, en Irlande du Nord, au grand discours porte de Brandebourg, à Berlin, dont le président américain rêve depuis cinq ans, Barack Obama et Angela Merkel ne vont pas se quitter. A priori si dissemblables, ces deux leaders, l'Américain et l'Européenne, le démocrate et la conservatrice, le juriste et la scientifique, ont en réalité plus en commun qu'on ne l'imagine.
Ce sont, d'abord, des survivants politiques, dans une partie du monde qui a vu la crise jeter les dirigeants par-dessus bord les uns après les autres. Et, ceci expliquant en partie cela, le président américain et la chancelière allemande sont tous deux très conscients des contraintes institutionnelles que leur imposent leurs systèmes politiques respectifs. M. Obama et Mme Merkel ont appris à gouverner prudemment. Ils ont aussi compris qu'à l'ère de la mondialisation la puissance se mesure d'abord en termes économiques. Pour des raisons historiques différentes, ni l'un ni l'autre n'ont de goût pour les aventures militaires. M. Obama a forgé, dans sa gestion de la guerre en Libye, le concept "diriger depuis l'arrière" (leading from behind). C'est exactement la stratégie que Mme Merkel est en train d'appliquer à l'Europe. Mais attention : il ne faut pas le dire.
En un mois, Berlin aura été la seule escale européenne de dirigeants des deux premières économies mondiales : fin mai, trois semaines avant la visite d'Obama, Mme Merkel accueillait le nouveau premier ministre chinois, Li Keqiang. L'Allemagne, nouvelle puissance globale ? Les subtilités de la distribution du pouvoir au sein de l'Union européenne leur échappant largement, Washington et Pékin votent avec leurs pieds : pour eux, l'Europe, c'est Berlin. Surtout quand il faut parler affaires. Par son poids économique prédominant et à défaut d'unité européenne convaincante, l'Allemagne se retrouve de facto acteur mondial.
Pour The Economist, l'Allemagne est une "puissance malgré elle", réticente à exercer les responsabilités que lui confère ce statut. Il y a un an, le 9 juin 2012, l'hebdomadaire britannique suppliait déjà "Angela" d'"allumer le moteur" sur une couverture représentant un navire, baptisé "World Economy", en train de couler. "L'économie mondiale est en grave danger, résumait l'éditorial. Son sort dépend d'une femme." Aujourd'hui, The Economist somme Mme Merkel de sauver l'Europe : "Si l'on veut que les économies européennes repartent, l'Allemagne doit commencer à exercer le pouvoir."
Il vous reste 54.72% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.