C’est en mai 2017, sous une tente à bière bavaroise, que la chancelière Angela Merkel avait formulé pour la première fois une rupture fondamentale dans la politique extérieure allemande : elle reconnaissait que son pays ne pouvait plus compter sur les Etats-Unis pour la protéger. « Nous, les Européens, devons prendre notre destin en main », avait-elle déclaré.
Un peu plus d’un an plus tard, le gouvernement de grande coalition au pouvoir à Berlin a fait de cette conviction une politique. Dans les colonnes du quotidien Handelsblatt, le chef de la diplomatie allemande, le social-démocrate (SPD) Heiko Maas a dessiné, mercredi 22 août, les contours d’une nouvelle « stratégie américaine » pour l’Allemagne. Le texte doit poser les bases d’un « renouveau de la collaboration » avec Washington, en partenariat avec les pays européens. « L’Europe repose sur la force du droit, sur le respect des plus faibles et sur l’expérience que la coopération internationale n’est pas un jeu à somme nulle », lance le ministre à destination des Etats-Unis.
D’emblée, M. Maas refuse de faire de la présidence Trump une sorte d’accident de l’Histoire. « Que l’Atlantique soit devenu politiquement plus large n’est pas uniquement le fait de Donald Trump. Les Etats-Unis et l’Europe s’éloignent l’un de l’autre depuis des années. Ces changements ont commencé bien avant l’élection de Trump et devraient survivre à sa présidence », explique-t-il. « C’est une contribution importante parce que cela exprime avec d’autres mots ce que j’ai dit, que la relation transatlantique est en train de changer, que nous devons prendre plus de responsabilités, que l’Europe doit prendre son destin en main », a salué, mercredi, la chancelière Angela Merkel.
Renforcer l’autonomie européenne
Dans sa tribune, le ministre appelle à un « partenariat équilibré », « où nous prenons notre juste part de responsabilité, où nous formons un contrepoids quand les Etats-Unis dépassent les lignes rouges. Où nous apportons notre poids là où l’Amérique se retire ».
Par « nous », M. Maas entend « une Europe souveraine et forte », « avec la France et les autres pays européens ». Au-delà de l’Union, il plaide pour la formation d’une « alliance pour le multilatéralisme », composée de pays unis par leur attachement à des règles contraignantes et à la concurrence loyale – il cite ainsi le Japon, le Canada ou encore la Corée du Sud.
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