Quelques heures après la fin des attaques terroristes qui ont visé Téhéran, mercredi 7 juin – les premières en Iran que l’organisation Etat islamique (EI) ait revendiquées –, les gardiens de la révolution, la principale force armée du pays, semblaient désigner des commanditaires que la rue, dans la capitale, blâme massivement : l’Arabie saoudite et son allié américain sont « impliqués » dans les attentats, estimaient-ils dans un communiqué.
« Cette action terroriste après la rencontre du président des Etats-Unis avec le chef d’un des gouvernements réactionnaires de la région [l’Arabie saoudite] qui a toujours soutenu les terroristes est lourde de sens », notent les gardiens. Lors du sommet de Riyad, le 21 mai, Donald Trump avait appelé de ses vœux une politique d’isolement de l’Iran, inscrivant le pays aux côtés de l’EI sur un nouvel « axe du Mal », source du terrorisme dans la région.
La ligne dure des gardiens était reprise, dans la nuit, par le ministre des affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif : « Des despotes soutenant le terrorisme menacent de porter le combat sur notre sol. Des relais attaquent ce que leurs maîtres méprisent le plus : le siège de la démocratie », à savoir le Parlement iranien, écrivait-il sur Twitter. M. Zarif faisait référence à des propos tenus le 2 mai à la télévision saoudienne par le vice-prince héritier et homme fort du royaume, Mohammed Ben Salmane. Ce dernier estimait que l’extension de l’influence de l’Iran dans la région ne serait plus tolérée : « Nous n’attendrons pas que la bataille soit menée en Arabie saoudite. Au contraire, nous ferons en sorte qu’ils aient à mener bataille en Iran. » Mercredi, le ministre des affaires étrangères saoudiens, Adel Al-Joubeir, a rejeté ces accusations, et rappelé que le royaume « condamne les attaques terroristes partout où elles ont lieu ».
Les gardiens ont promis de « venger » les victimes du 7 mai. « Personne n’a intérêt à une telle escalade, note Mohammad Ali Shabani, rédacteur en chef pour l’Iran du site Al-Monitor. Mais les gardiens ont leur propre agenda domestique et international : ils veulent envoyer un message. Je ne crois pas qu’une bombe explosera à Riyad demain, mais ce pourrait être le cas dans six mois ou dans un an. Entre-temps, c’est à l’administration civile iranienne de forger une coopération régionale qui puisse empêcher une telle escalade. »
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