Le décret sur l’immigration du président américain Donald Trump constitue une attaque en règle contre les valeurs et les intérêts européens. Parce qu’il sanctionne des nations entières et qu’il empêche des réfugiés qui n’ont commis aucun crime de trouver la sécurité, il complique davantage la mise sur pied d’une réponse internationale à la crise des réfugiés.
Ce décret risque aussi de faire reculer la coopération en matière de lutte contre le terrorisme autant qu’il risque de stimuler le recrutement de combattants par l’organisation Etat islamique (EI). Nous invitions donc les dirigeants européens réunis à Malte à répondre de trois façons :
Premièrement, l’Union européenne (UE) devrait défendre d’une seule voix les accords internationaux et les droits humains élémentaires, notamment les droits des réfugiés. La négociation d’ententes particulières de pays à pays affaiblira simplement toutes les parties.
Protéger les plus faibles
Ensuite, l’Union européenne devrait lancer une mission d’Etat de droit afin d’apporter l’assistance nécessaire aux ressortissants européens dans les ports et aéroports américains. Le Service européen d’action extérieure et les Etats membres devraient coordonner leurs efforts à Washington afin de garantir la meilleure protection consulaire possible aux citoyens de l’UE. Les ressortissants binationaux ne devraient pas avoir à subir de discrimination basée sur leur deuxième passeport.
Enfin, les politiques isolationnistes de notre voisin outre-atlantique devraient encourager les nations européennes à se rapprocher et à mettre en commun leurs renseignements afin d’améliorer la protection contre la menace terroriste. Il est plus que temps d’envisager la sécurité européenne – intérieure comme extérieure – d’une manière plus solidaire et responsable.
Tant la politique de pouvoir que la fermeture des frontières et le repli des sociétés menacent la place de l’Europe dans le monde. Les dirigeants européens ne devraient pas rester bras croisés quand les accords internationaux qui visent à protéger les plus faibles, les plus vulnérables et ceux qui fuient la guerre et la torture, sont mis en péril par des décrets insensés.
Les signataires : Mark Leonard, directeur de l’European Council on Foreign Relations ; Carl Bildt, ancien premier ministre suédois ; Sylvie Goulard, députée européenne centriste ; Pascal Lamy, président honoraire de Notre Europe, ancien directeur général de l’OMC, ancien commissaire européen ; Javier Solana, ancien haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne et secrétaire général du Conseil de l’Union européenne, ancien secrétaire général de l’OTAN. Voir la liste complète des signataires sur le site de l’European Council on Foreign Relations (http://www.ecfr.eu).