A l'ONU, jeudi 29 novembre, l'Union européenne (UE) a affiché les divisions qu'elle tentait de masquer depuis plus d'un an. Une fois de plus, sa diplomatie a échoué, alors qu'elle est pourvue d'un traité de Lisbonne censé la renforcer et d'une haute représentante, Catherine Ashton, promue pour coordonner les positions divergentes des Etats.
La position française en faveur du "oui" a finalement rallié l'Espagne, les pays scandinaves, la Belgique, la Grèce, Malte, le Portugal. Ainsi que l'Italie, qui a opéré un net revirement. Mais d'autres Etats, dont l'Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et les pays baltes, ont campé sur la position abstentionniste défendue par Mme Ashton, dirigeante d'une diplomatie bruxelloise, qui jugeait le moment du vote mal choisi. C'était déjà son leitmotiv en 2011, lorsqu'avait été évoquée la première version de la résolution onusienne.
DES CONSIDÉRATIONS PUREMENT NATIONALES ONT PESÉ
Le texte voté jeudi est en tout cas, selon Daniel Levy, membre du European Council for Foreign Relations de Londres, proche "des positions, des intérêts et des valeurs" de l'UE. Ce qui indique que des considérations purement nationales – et commerciales –, ainsi que la volonté de préserver la relation transatlantique ont, pour certaines capitales, pesé plus lourd que la nécessité d'une politique européenne unifiée.
Pour Mme Ashton et son service d'action extérieure, un vote favorable aux Nations unies allait obérer toute reprise des négociations, voire entraîner un blocage complet. En réalité, l'appel à un retour au dialogue n'a servi qu'à masquer les divergences, parfois fondamentales, parfois tactiques, entre les Vingt-Sept. "Au-delà du vote de jeudi, il n'y a pas d'accord sur le contenu d'une proposition qui pourrait être faite aux deux parties et sur un véritable plan de paix", avoue un diplomate bruxellois.
"MOMENT CLÉ" DU PROCESSUS DE PAIX
Ces derniers mois, Mme Ashton n'a pas ménagé sa peine. Dans son entourage, on évoquait "un moment clé" du processus de paix, mais seul le projet palestinien de s'adresser à l'ONU expliquait cet empressement. Soutenue par certaines capitales et encouragée par Washington, la diplomatie européenne pensait pouvoir convoquer une réunion au sommet sur la base d'un texte évoquant deux Etats basés sur les lignes de 1967, avec des échanges de territoires et des garanties sécuritaires pour Israël.
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