Officiellement, pas question de parler de « campagne ». Mais dans les faits, cela y ressemble beaucoup. Mardi 28 août, Emmanuel Macron reprend à Copenhague son marathon diplomatique au sein de l’Union européenne (UE) – il s’est déjà rendu dans quatorze des vingt-huit pays de l’UE depuis le début de son mandat – destiné à préparer les élections européennes du 26 mai 2019. Un scrutin stratégique pour le chef de l’Etat français, dont ce sera le premier véritable test électoral depuis son élection surprise il y a un peu plus d’un an.
« La rentrée européenne sera active et de combat, reconnaît l’Elysée. En un an, le monde a beaucoup changé. On assiste à une montée du nationalisme, à une crise du multilatéralisme. Il faut être encore plus réactif, encore plus actif. »
Après une visite d’Etat de deux jours au Danemark – la première depuis trente-six ans –, M. Macron se rendra en Finlande le 30 août. Il sera aussi le 6 septembre au Luxembourg, au côté de Xavier Bettel, le premier ministre du Grand-Duché, et de Charles Michel, le chef du gouvernement belge. Il accueillera la chancelière allemande, Angela Merkel, à Paris le lendemain, puis se rendra à Salzbourg (Autriche) le 20 septembre, pour une réunion informelle des chefs d’Etat européens.
« Macron voudrait faire l’Europe en plus petit pour qu’elle ressemble à la France en plus grand. Mais les Allemands comptent sur l’Union à 27, pas à 19 ou à 12. » Yves Bertoncini, Mouvement européen
Objectif de cette tournée : convaincre les partenaires de la France qu’il faut agir, car l’heure est grave. Alors que l’élection de M. Macron avait soulevé un vent d’espoir parmi les europhiles, différents scrutins ont depuis refroidi les ardeurs.
En Autriche, en Italie ou en République tchèque, les partis eurosceptiques ont progressé et même accédé au pouvoir. A Rome notamment, la coalition entre La Ligue et le Mouvement 5 étoiles a fait du « bashing » anti-UE un mode de fonctionnement. En Hongrie, Viktor Orban a été réélu largement et l’extrême droite devrait obtenir un score historique aux législatives suédoises, le 9 septembre.
Résultat, le président français est de plus en plus seul et la « refondation » de l’UE qu’il appelle de ses vœux, exposée lors d’un discours à la Sorbonne le 26 septembre 2017, est loin d’être une priorité pour les autres capitales.
Même l’Allemagne traîne les pieds. « Paris a sous-estimé ce que pouvait impliquer l’entrée de l’AfD [Alternative pour l’Allemagne, extrême droite] au Bundestag. Ces derniers mois, la thématique migratoire a été très importante [outre-Rhin] et le niveau d’énergie sur l’Europe de Merkel est bien différent de celui de Macron », estime Almut Möller, du bureau berlinois du Conseil européen des relations internationales. Berlin aurait en plus des prétentions sur la présidence de la Commission européenne, selon la presse allemande, un poste crucial pour les projets européens du président français.
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