Après avoir frôlé l’annulation à plusieurs reprises, les pourparlers de paix sur le Yémen ont démarré mardi 16 juin à Genève. La délégation du pouvoir en exil, soutenue par l’Arabie saoudite, doit s’entendre avec celle des rebelles houthistes, qui occupent une grande partie du pays, pour mettre fin à la guerre qui le ravage depuis la fin mars. Mais dans les couloirs feutrés du Palais des nations, qui abrite le siège helvétique de l’ONU, les experts sont pessimistes. « Ces pourparlers sont en déliquescence, observe une source diplomatique occidentale. Il n’y aura pas de miracle de Genève. »
La conférence était censée s’ouvrir dimanche. Mais samedi, au moment de monter dans l’avion qui devait les conduire de Sanaa aux rives du lac Léman, les représentants du mouvement houthiste, d’obédience chiite et soutenu par l’Iran, découvrent qu’un arrêt est prévu à Jizan, une localité saoudienne, proche de la frontière avec le Yémen. Inacceptable pour eux, ainsi que pour leurs alliés du Congrès populaire général (CPG), le parti de l’ancien président Ali Abdallah Saleh, également convié aux négociations.
Les adversaires du président Abd Rabo Mansour Hadi embarquent finalement dimanche après-midi, avec un plan de vol différent. Mais l’escale prévue à Djibouti s’éternise. L’Egypte et le Soudan, membres de la coalition antihouthiste menée par l’Arabie saoudite depuis le 26 mars, s’opposent à ce que l’avion traverse leur espace aérien. L’obstacle est levé après une médiation d’Oman et la délégation de l’opposition se pose à Genève dans la nuit de lundi à mardi, après 36 heures de voyage rocambolesque.
Trêve humanitaire
Pas question cependant, pour les deux camps ennemis, de se croiser. A peine arrivés, les houthistes déclarent refuser tout dialogue avec « ceux qui n’ont aucune légitimité ». L’envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, le Mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, doit faire la navette entre les deux parties. Sa mission a été tracée lundi par Ban Ki-moon : obtenir une trêve humanitaire d’au moins deux semaines, ainsi qu’un accord préalable à un cessez-le-feu. Le secrétaire général des Nations unies prend d’autant plus à cœur le dossier yéménite que, en Libye et en Syrie, deux autres théâtres de guerre civile, ses émissaires sont pour l’instant impuissants. Mais au palais des Nations unies, le porte-parole de l’organisation, Ahmed Fawzi, fait preuve de prudence. Il ne parle plus de la « conférence de Genève » mais de simples « discussions ».
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