Le général Tarek Saleh est sorti de sa réserve. Le 8 novembre, il posait devant de hauts silos à grains, qui dominent l’entrée est d’Hodeïda, le premier port du Yémen. Figure de l’opposition aux rebelles houthistes, ce puissant officier yéménite annonçait, dans une vidéo postée sur Facebook, une insurrection prochaine de « toutes les composantes de la société d’Hodeïda » destinée à chasser les rebelles du port.
Cette bataille a été relancée depuis deux semaines par la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite, qui combat les rebelles depuis mars 2015, et qui parraine le général Saleh. Engagés en juin 2018, les combats avaient connu une longue accalmie depuis l’été. Mais du 31 octobre au 9 novembre, l’organisation indépendante Acled a dénombré pas moins de trente-six raids aériens sur la province d’Hodeïda, dont près de la moitié sur un unique quartier de la périphérie est de la ville.
Des combats ont été rapportés près de l’université, au sud, et près de l’hôpital Al-Thawra, dans l’est. Selon Amnesty International, des centaines de patients ont fui, dimanche 11 novembre, à travers les rues. Certains emportaient leurs équipements médicaux sous une pluie d’obus. Les houthistes ont par ailleurs affirmé avoir repris ce même jour un deuxième centre médical, l’hôpital du 22-Mai, brièvement capturé par les forces yéménites alliées de la coalition.
« C’est une escalade inédite, mais [la coalition] n’avance pas, affirme Abdulmalik Al-Ejri, membre du bureau politique de la rébellion, qui contrôle la capitale, Sanaa, depuis septembre 2014. Ils essaient d’assiéger nos forces en coupant les voies d’accès à la ville, mais ils sont obligés de reculer dès que leur soutien aérien prend fin. »
De fait, les houthistes ne peuvent résister à la puissance aérienne de la coalition dans la plaine environnante, mais elle n’est pas déterminante en ville, sauf à risquer un carnage. Lundi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a de nouveau mis en garde contre les conséquences « catastrophiques » d’une éventuelle destruction du port, point d’entrée de la majeure partie des importations du pays, menacé par la famine.
« Arrêter les frais »
Ces combats s’intensifient, alors que la coalition fait face à une pression internationale renouvelée, quoique de portée limitée, censée faciliter des pourparlers de paix prévus en décembre en Suède. La coalition a dû accepter, samedi, de renoncer aux ravitaillements en vol qu’assuraient les Etats-Unis à ses avions depuis le début du conflit – un geste de défiance symbolique de la part de Washington.
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