Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« L’Europe avance, et sa souveraineté avec, plus stratégique qu’il n’y paraît »

Malgré les divergences entre Français et Allemands sur la notion d’autonomie stratégique, la Commission européenne a formulé des propositions à la future administration Biden pour relancer une relation transatlantique, note dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».

Publié le 02 décembre 2020 à 11h39 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Chronique. Le grand public n’en a pas conscience – heureusement car, occupé qu’il est à essayer de cohabiter avec le Covid-19, il se demanderait, à juste titre, si tout cela est bien raisonnable. Deux mots agitent fébrilement, depuis un mois, la communauté européenne des experts de géopolitique : autonomie stratégique.

La discussion est d’autant plus vaine que par « autonomie stratégique », on entend tout et son contraire. Le concept, nous explique l’historien Justin Vaïsse, dérive de la conclusion tirée par la France de la crise de Suez et de l’humiliation infligée à Paris et Londres par les grandes puissances en 1956. Ne dépendre de personne : ce fut la leçon retenue à Paris, à l’opposé du Royaume-Uni qui préféra, lui, se placer sous la protection des Etats-Unis. Ce concept d’autonomie stratégique, le Conseil européen l’a adopté à l’unanimité, Britanniques compris, en 2013, puis de nouveau en 2016.

Justin Vaïsse, aujourd’hui à la tête du Forum de Paris sur la paix, s’en souvient très bien : c’était lui qui représentait le Quai d’Orsay à la négociation de la rédaction de la Stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne (UE). Dans un monde livré aux rapports de force, la France avait poussé pour que l’aspiration européenne à l’autonomie stratégique soit intégrée au texte. Le 24 juin 2016, le Conseil européen entérinait cette « Stratégie globale », toujours à l’unanimité. Mais l’événement passa inaperçu, comparé à celui qui s’était produit la veille : le 23 juin, les Britanniques avaient décidé, par référendum, de quitter l’UE.

Un « contresens de l’histoire »

Cinq mois plus tard, Donald Trump était élu président des Etats-Unis. Puis six mois après, Emmanuel Macron remportait l’élection en France. A eux deux, ils remirent l’autonomie stratégique européenne au goût du jour, le premier par son unilatéralisme, le second par volontarisme.

La victoire de Joe Biden, le 3 novembre, a fait ressurgir les différences de sensibilités entre Paris et Berlin face à ce concept qui interroge, fondamentalement, la relation avec les Etats-Unis : à la ministre de la défense allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer, qui voit dans l’autonomie stratégique une « illusion », M. Macron répond qu’elle commet un « contresens de l’histoire ». Les Allemands préfèrent de loin le mot de « souveraineté » européenne à celui d’autonomie, qu’ils jugent périlleux pour leur relation étroite avec les Etats-Unis. Ils se méfient de l’activisme gaulois et de la grandiloquence du président français.

Il vous reste 56.37% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.