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Pressions internationales nécessaires pour l'application de l'accord de Stockholm

L’application de l’accord sur le Yémen conclu lors de pourparlers en Suède risque de se heurter à plusieurs difficultés. La communauté internationale devra exercer de fortes pressions sur les belligérants pour lui conférer un cadre juridique.

L'accord sur le Yémen conclu lors de pourparlers en Suède est sans doute le plus important depuis le début de la guerre dans ce pays dévasté, mais son application risque de se heurter à plusieurs difficultés, estiment des experts. Pour cela, la communauté internationale devra exercer de fortes pressions sur les belligérants – pouvoir soutenu militairement par l'Arabie saoudite et rebelles appuyés politiquement par l'Iran –, et le Conseil de sécurité de l'ONU devra entériner l'accord pour lui conférer un cadre juridique, disent-ils.
L'ONU a obtenu jeudi une trêve dans plusieurs régions dévastées du Yémen, pays au bord de la famine, à l'issue de consultations de paix en Suède qui ont permis un compromis âprement négocié. Aux termes de l'accord, un cessez-le-feu «immédiat» doit entrer en vigueur à Hodeïda (ouest), principal front du conflit et port de la mer Rouge par où transite l'essentiel des aides humanitaires et importations. Le retrait des combattants devrait intervenir dans les «prochains jours». Un échange de prisonniers impliquant quelque 15.000 combattants est également prévu. Les pourparlers interyéménites doivent reprendre fin janvier pour tenter de définir un cadre de négociation en vue 
d'un règlement.

L'envoyé spécial de l'ONU, Martin Griffiths, a déployé d'importants efforts pour réunir les protagonistes du Yémen où la guerre a fait environ 10.000 morts depuis près de quatre ans selon l'ONU, alors que des ONG estiment que le bilan est largement plus élevé. «Nous ne devons pas trop vite nous enthousiasmer. Attendons de voir comment se fera concrètement le retrait de Hodeïda. Ce sera certainement un cauchemar pour l'ONU», dit Camille Lons, du European Council on Foreign Relations. «Les observateurs ne s'attendaient pas à un accord quelconque, en particulier sur des questions épineuses comme celle de Hodeïda», souligne l'experte. «Griffiths a réussi à faire venir les deux camps à la même table et à obtenir des accords sur une série de mesures». La ville de Hodeïda, contrôlée par les rebelles, a été la cible d'un assaut des forces progouvernementales aidées par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, piliers d'une coalition militaire intervenue en 2015 pour aider le pouvoir au Yémen à stopper une offensive des rebelles qui se sont emparés de vastes régions du pays, dont la capitale Sanaa.
En Suède, rebelles et gouvernement ont convenu que leurs forces se retireraient de la ville et du port de Hodeïda et que l'administration de la cité serait remise à des forces locales aidées par l'ONU. «Le diable est dans les détails», estime l'analyste yéménite Nadwa Dawsari. En effet, l'accord n'identifie pas ces «forces locales» et ne fixe pas de date pour l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Des responsables des deux camps ont pour leur part indiqué à des médias que le cessez-le-feu devait entrer en vigueur à minuit jeudi.

Mais de nouvelles violences survenues la nuit de jeudi à vendredi à Hodeïda témoignent de la fragilité de l'accord. Des explosions et des tirs d'artillerie ont été entendus pendant plusieurs heures avant de cesser à minuit, selon des habitants. Pour le groupe de réflexion International Crisis Group, le Conseil de sécurité de l'ONU doit «préparer un nouveau projet de résolution pour stopper la bataille de Hodeïda». Une telle «résolution aiderait à consolider les gains obtenus en Suède et à empêcher une 
escalade avant les prochains pourparlers».
Vendredi, le Conseil de sécurité doit entendre un compte-rendu des pourparlers tenus en Suède. Il devrait adopter la semaine prochaine une résolution pour entériner leur résultat et autoriser le déploiement d'observateurs de l'ONU à Hodeïda, selon des sources diplomatiques. «Il est nécessaire de faire pression sur les parties concernées pour consolider ces premiers gains et empêcher l'effondrement d'un processus naissant», estime Dana Stroul, du centre de réflexion Washington Institute for Near East Policy. «Le Conseil de sécurité pourrait endosser les progrès enregistrés» en Suède.

Les États-Unis et l'Arabie saoudite ont salué cet accord, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo parlant de «premier pas crucial» et les dirigeants saoudiens affirmant être en faveur d'une solution politique. Vendredi, Anwar Gargash, ministre d'État aux Affaires étrangères des Émirats, a affirmé que «le chemin était encore parsemé d'embûches, mais cette importante percée pourrait ouvrir la voie vers la paix». «La communauté internationale (...) doit reconnaître que le meilleur moyen de parvenir à un cessez-le-feu est de donner à l'ONU ce dont elle a besoin pour l'application de l'accord», estime Dana Stroul.                  
      

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