LES PLUS LUS
Publicité

L'ONU peut-elle vraiment faire plier la Corée du Nord?

L'ONU s’attèle jeudi à trouver une réponse commune aux provocations de la Corée du Nord mais les grandes puissances s'opposent sur la marche à suivre.

Thomas Liabot , Mis à jour le
Donald Trump à la tribune de l'ONU mardi.
Donald Trump à la tribune de l'ONU mardi. © Reuters

Le Conseil de sécurité de l'ONU va-t-il trouver une position commune sur le dossier nord-coréen? Alors que ses membres ont réussi en août et septembre à adopter à l'unanimité de nouvelles sanctions contre Pyongyang, ils affichent des divisions à l'heure de les faire appliquer pleinement. Pendant ce temps, les provocations de Kim Jong-un et de son régime ne faiblissent pas. Mardi, Donald Trump a accentué la pression sur son rival et ses alliés en menaçant de "détruire complètement" la Corée du Nord et "son régime vicieux". Une sortie d'une agressivité rare à la tribune de l'ONU qui n'a pas fait flancher Pyongyang : "S'ils essaient de nous faire peur avec des aboiements, ils sont clairement en plein rêve", a déclaré le ministre nord-coréen des Affaires étrangères à son arrivée à New York.

Publicité

L'adoption à l'unanimité de sanctions contre la Corée du Nord a masqué les divisions qui existent entre Washington d'un côté et Pékin et Moscou de l'autre. "Chacun peut considérer cette résolution comme une victoire", commentait alors dans Le Monde la chercheuse à l'Ifri Alice Ekman. Les Américains se sont félicités de la sévérité des mesures prises (interdiction des exportations de textile et réduction des approvisionnements en pétrole) tandis que la Chine et la Russie ont réussi à ajouter un paragraphe sur la nécessité de trouver une "solution pacifique". A présent, la question de l'application concrète de ces sanctions fait ressurgir les fractures.

La suite après cette publicité

Les Etats-Unis intransigeants, la Chine en négociatrice

Lors de la réunion du Conseil de sécurité prévue à 22h (heure française), le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson devrait insister pour une pleine application des sanctions. Mercredi, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a apporté à la tribune de l'ONU son soutien à la position de Washington. "Ce qu'il nous faut, ce n'est pas du dialogue mais de la pression", a-t-il ajouté. Une position partagée par la Corée du Sud. Son président Moon Jae-in doit s'exprimer jeudi devant les dirigeants de la planète. Donald Trump doit, lui, s'entretenir avec ses deux alliés (Japon et Corée du Sud) dans la journée afin d'examiner les options dont ils disposent.

La suite après cette publicité

Face à l'intransigeance américaine, la Russie et la Chine défendent la négociation. Les deux plus proches soutiens du régime nord-coréen - dont les chefs de la diplomatie doivent s'exprimer jeudi à la tribune de l'ONU - continuent à plaider pour des pourparlers diplomatiques, estimant qu'une action militaire serait catastrophique. Moscou et Pékin ont d'ores et déjà proposé un double moratoire, sur les expérimentations nord-coréennes et les exercices militaires américano-sud-coréens, mais Washington refuse toute concession.

La Corée du Nord profite des divisions

Or, la Chine - parce qu'elle est le principal partenaire économique de la Corée du Nord - détient la clé de l'application des sanctions, tandis que les menaces américaines n'ont toujours pas fait reculer Kim Jong-un. De quoi favoriser l'initiative sino-russe? C'est ce que pense Richard Gowan, expert au Conseil européen des affaires étrangères, cité par Le Monde il y a dix jours : "Si les Etats-Unis refusent de faire des compromis, même minimes, beaucoup de membres de l’ONU, y compris des alliés américains, vont se tourner vers les Chinois et les Russes".

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Ces divisions donnent du répit à la Corée du Nord, qui a effectué vendredi un nouveau tir de missile au dessus du Japon, et posent la question de l'efficacité des pourparlers onusiens. Pour Kim Hyun-Wook, professeur à l'Académie diplomatique nationale de Corée cité par l'AFP, "les sanctions donnent à Pyongyang une excuse pour davantage de provocations, comme un lancement de missile intercontinental". La Corée du Nord sait surtout que l'avancée de son programme nucléaire la met chaque jour un peu plus à l'abri de ses rivaux : "Le but final est de faire en sorte que les dirigeants américains n'osent même plus envisager une option militaire", a rappelé Kim Jong-un vendredi.

Contenus sponsorisés

Sur le même sujet
2015, des véhicules militaires chinois transportent des missiles balistiques antinavires DF-21D, potentiellement capables de couler un porte-avions américain.
International

Les 10 pays ayant le plus gros budget militaire

L’année 2022 et la guerre en Ukraine ont marqué un tournant dans les dépenses militaires. Ainsi, la rédaction du JDD vous propose de faire un point sur les 10 plus importants budgets de défense au monde en 2024.

Publicité