POLITIQUE - Emmanuel Macron reprend son bâton de pèlerin européen. Malgré sa chute dans les sondages et les doutes suscités par sa politique économique, le président de la République a choisi de consacrer les premiers jours de sa rentrée à deux déplacements officiels au Danemark et en Finlande dans l'espoir d'y trouver de futurs alliés pour réformer l'Union européenne.
Depuis son élection surprise en mai 2017, le chef de l'État s'est imposé comme le plus fervent défenseur de la construction européenne face à la montée des nationalismes et l'avènement de gouvernements eurosceptiques. L'été suivant sa victoire, Emmanuel Macron avait entamé une tournée en Europe centrale et orientale. Avant la trêve estivale de 2018, il s'est rendu en Espagne et au Portugal. Si bien qu'en un peu plus de douze mois, le président français aura visité plus de la moitié des États-membres de l'UE. Une course en solitaire censée favoriser les rapprochements bilatéraux, dénouer les susceptibilités et permettre à l'ancien candidat d'En Marche de jouer sa propre partition dans une symphonie européenne de plus en plus dissonante.
"Rentrée de combat"
Alors que le président se prépare à un "clivage entre forces progressistes et forces nationalistes" lors des prochaines élections européennes, la méthode Macron revendique de pouvoir parler à tout le monde, petits et grands, en vue de constituer de nouveaux axes de coopération. Pour ce faire, "connaître personnellement tous ses homologues, c'est la condition de tout", plaide-t-on à l'Élysée pour justifier ces déplacements à Copenhague et Helsinki, où l'on n'a pas vu de chef d'État français depuis belle lurette.
La visite d'État d'Emmanuel Macron sera la première d'un président de la République français depuis 36 ans. Et pour ce qui est de sa visite officielle en Finlande, ce sera la première depuis 19 ans.
Dans cette "rentrée de combat", le président a également calé un déplacement au Luxembourg avec le Premier ministre Xavier Bettel et son homologue belge Charles Michel et une réunion de travail avec la chancelière allemande Angela Merkel avant le sommet européen de Salzbourg.
Au menu des discussions: la réforme de la zone euro défendue par la France, la résolution de la crise migratoire qui empoisonne les relations avec l'Italie et l'Europe de l'Est, ainsi que la question plus consensuelle de la taxation des géants du numérique.
Dialoguer pour sortir de l'isolement
Pour l'heure, le volontarisme macronien sur la scène européenne n'a pas encore réussi à faire bouger les lignes. À moins d'un an des élections européennes, que l'opposition promet de transformer en "référendum anti-Macron", le président français se doit d'obtenir des résultats palpables pour l'opinion publique française. Dans la plupart de ses déplacements européens, Emmanuel Macron participe aux consultations citoyennes initiées par la France pour tenter de raviver le goût de l'Europe.
Mais il semble encore bien seul sur ce créneau tant l'UE est divisée du nord au sud et de l'Est à l'ouest. À titre d'exemple, le Danemark est, avec la France, l'un des pays les plus attachés à une position européenne unie sur les modalités du Brexit. Mais c'est aussi l'un de ceux qui s'opposent le plus à la proposition du dirigeant français de créer un budget propre pour les pays de la zone euro.
"Emmanuel Macron a besoin de résultats et pas seulement d'ambitions pour arriver armé aux élections européennes", prévient Manuel Lafont-Rapnouil, de l'institut de recherche European Council on Foreign Relations.
Ce lundi, devant les ambassadeurs français réunis à l'Élysée, Emmanuel Macron a défendu sa stratégie d'ouverture en vue de constituer des majorités de projets. "L'Europe ne se fait ni à Bruxelles, ni à Paris, ni à Berlin: elle se construit dans la diffusion inlassable de nos idées et de nos projets", a-t-il plaidé. Sans se faire d'illusions sur l'ampleur de la tâche qui l'attend: "Ce combat européen ne fait que commencer. Il sera long, il sera difficile. Il sera au centre de l'action de la France tout au long de mon mandat."
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