Les mini-krachs boursiers survenus en Chine ces derniers jours peuvent-ils avoir un impact sur le régime ?

François Godement : Il y a aujourd’hui de quoi s’interroger sur la gestion de l’économie par le gouvernement chinois. C’était déjà le cas à l’été 2015, avec des mini-krachs boursiers similaires, mais la question revient encore plus fortement aujourd’hui. Un des risques pour le régime est que les facteurs d’enrichissement de la classe moyenne supérieure sont actuellement en panne, notamment le secteur de l’immobilier.

Or, cette classe est le premier soutien du régime. S’en découle ainsi, un vrai problème d’opinion publique pour le pouvoir en place. Les Chinois se rendent bien compte que le gouvernement n’est plus prêt à faire monter la bourse à long terme.

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Comment peut réagir le pouvoir chinois face à cette crise ?

F.G. : Le gouvernement se retrouve devant un dilemme : amplifier la libéralisation ou accentuer le poids de l’État. Cette crise révèle en tout cas au grand jour l’impossible cohabitation entre une économie d’État et l’économie capitaliste. Une libéralisation ne me paraît pas envisageable pour le gouvernement de Xi Jinping, alors qu’un retour en arrière vers davantage d’État semble plus probable.

Qu’est-ce que cette crise peut créer dans la société chinoise ?

F.G. : Les Chinois se rendent compte que le gouvernement perd totalement les pédales dans sa gestion de l’économie. Ceci risque de créer une crise de confiance dans la société, débouchant sur un recul de la consommation. Les consommateurs, ayant peur pour la suite, épargnent plus et réduisent ainsi leurs achats. Il y a certainement une désillusion de ces classes moyennes supérieures, mais il paraît peu probable qu’elles descendent dans la rue.