Syrie : enfin une trêve des combats
Pour la première fois depuis 2011, un cessez-le-feu doit entrer en vigueur dans une semaine en Syrie. L'accord permet toutefois au régime à son allié, la Russie, de poursuivre les bombardements contre l'état islamique et Al-Nosra.
L'accord des grandes puissances sur une cessation des hostilités en Syrie signé hier à Munich s'annonce fragile mais il constitue l'unique voie pour espérer relancer le processus de paix et stopper l'engrenage guerrier.
A l'issue d'intenses négociations, les États-Unis, la Russie et leurs principaux alliés dans ce dossier sont tombés d'accord dans la nuit hier sur une trêve qui doit intervenir «dans un délai d'une semaine» selon les propres termes de John Kerry le chef de la diplomatie américaine. Si elle se concrétise, elle constituera une première étape pour faire taire les armes depuis le début en 2011 du conflit qui a déjà fait 260 000 morts.
Aide humanitaire accrue
Les parties ont aussi convenu d'intensifier dès les prochains jours l'aide humanitaire vers les villes assiégées par le régime de Damas ou le groupe État islamique (EI), par voie terrestre ou aérienne. Par ailleurs, une porte-parole du gouvernement allemand a fait passer le message pour que la semaine à venir ne soit pas utilisée par la Russie pour accentuer les bombardements. L'armée russe se concentre actuellement sur le bastion rebelle d'Alep. Toutefois les termes de cette trêve exclut les groupes jihadistes tels l'EI et al-Nosra la branche locale d'al-Qaïda. «Nous continuerons, de même que la coalition conduite par les États-Unis, à les combattre», a souligné le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. La coalition emmenée par les États-Unis mène depuis 2014 des raids aériens contre l'EI, essentiellement dans l'est du pays. Les Russes concentrent de leur côté leurs bombardements sur la partie ouest du pays, en appui direct à Bachar al-Assad. Mais pour Moscou, Al-Nosra est actif à Alep et plusieurs groupes ont des liens avec cette organisation. «C'est un feu vert donné aux Russes pour poursuivre leurs actions militaires tout en faisant semblant de respecter l'accord», anticipe Julien Barnes-Dacey, expert à l'European Council on Foreign Relations.
Valls pour des troupes arabes au sol
Parallèlement, les négociations intersyriennes, suspendues début février en pleine offensive du régime appuyée par l'aviation russe sur Alep, doivent par ailleurs «reprendre dès que possible», a insisté John Kerry hier à Munich. Ces négociations doivent avoir lieu «sans ultimatums et préconditions», a souligné de son côté Sergueï Lavrov. Moscou refuse toujours de faire du départ de Bachar al-Assad un préalable.
De son côté Manuel Valls a estimé hier qu'une «offensive au sol de troupes basées localement et venant éventuellement d'autres pays arabes serait «décisive» pour venir à bout de l'organisation État islamique. Le Premier ministre doit participer aujourd'hui à la Conférence de Munich sur la sécurité, dominée par les efforts pour relancer le processus de paix en Syrie.
L'état islamique a utilisé des armes chimiques
Selon la CIA, le groupe État islamique a déjà utilisé à plusieurs reprises des armes chimiques sur le champ de bataille et peut fabriquer des petites quantités de chlorine et de gaz moutarde. Daech aurait aussi la capacité à exporter ces agents chimiques pour une utilisation hors d'Irak ou de Syrie. «C'est pour cela qu'il est si important de couper les diverses routes de transport et de contrebande que les jihadistes ont utilisées», a expliqué hier John Brennan, le directeur de la CIA. Depuis le début du conflit syrien, les camps en présence ont été accusés à plusieurs reprises d'avoir eu recours à des armes chimiques. Le gaz moutarde est un gaz asphyxiant utilisé pour la première fois par les Allemands à Ypres en Belgique en 1917.
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