Quel que soit le résultat du référendum de jeudi, il faudra que la situation politique s’apaise au Royaume-Uni. Depuis l’atroce assassinat de la députée travailliste Jo Cox, jeudi dernier, il y a déjà une sorte de reconnaissance dans tout le pays que le débat est allé trop loin, qu’il est devenu bien trop brutal. Un vote pour le maintien en Europe ne sonnerait pas pour autant la fin du débat sur l’Europe au Royaume-Uni. Seulement, ce débat évoluerait vers un autre thème : la réforme de l’Europe elle-même et la mise en œuvre des concessions que David Cameron a négociées cet hiver à Bruxelles pour faire une Europe qui fonctionne et qui soit compréhensible pour les citoyens. Un tel débat trouve un écho en Europe du Nord, aux Pays-Bas, mais aussi en Italie…

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À mon sens, Ukip (formation de droite populiste et europhobe, NDLR) ne pourrait pas être plus qu’une voix mineure dans un tel débat. Le « Brexit » est en effet la raison d’être de ce parti. Un maintien au sein de l’UE serait pour lui un échec. En revanche, il serait dans l’intérêt du premier ministre David Cameron de considérer un rapprochement avec certaines grandes figures membres de son propre parti conservateur et qui ont fait campagne pour le « Leave ». C’est notamment le cas de Michael Gove (secrétaire d’État à la justice, NDLR) ou de Boris Johnson (ancien maire de Londres, NDLR), devenu porte-parole du Brexit. Quoi qu’il arrive, ces derniers vont demeurer des forces politiques, et David Cameron aurait intérêt à travailler avec eux sur les réformes européennes, dans une sorte de gouvernement de réconciliation.

Quant aux partisans du « Brexit », ils seraient certainement frustrés en cas de défaite de leur camp, mais il ne faut pas oublier qu’ils ne représentent qu’une petite partie de la population. Seuls de 10 % à 20 % des Britanniques ont en effet un avis négatif et arrêté sur l’Europe. La majorité des citoyens ne considèrent pas que c’est une grande question pour le Royaume-Uni. Je ne pense pas pour ma part qu’il y aura plus de 60 % de participation au vote de jeudi. En général, les référendums mobilisent moins que les législatives. Or, le taux de participation aux élections législatives de 2015 était de 66 %. Certes, une frange anti-européenne de l’électorat a pris de l’ampleur ces dernières années, et va vouloir continuer à exister en cas de maintien au sein de l’UE. Elle tentera de le faire sur le sujet de l’immigration et les questions de réforme de l’Europe.