Les États-Unis vont-ils frapper la Syrie ? Tout laisse penser que Donald Trump est bien décidé à passer l’action. Le président américain compte « répondre avec force » après l’attaque présumée au gaz toxique de samedi. Lundi 9 avril, il a promis une décision dans la soirée « ou très bientôt ».

Si les États-Unis font planer la menace d’une riposte militaire contre le régime syrien, ils pourraient attendre, pour passer à l’acte, un vote au Conseil de sécurité de l’ONU, probablement mardi 10 avril, sur un projet de résolution américain créant un mécanisme d’enquête international sur l’usage des armes chimiques en Syrie.

De son côté, la Russie a d’ores et déjà prévenu que ce texte contient encore des « éléments inacceptables ». Il est fort probable que Moscou mette son veto à la résolution. « Cela donnera aux États-Unis et peut-être à la France une excuse pour une action militaire », estime Richard Gowan, membre du Conseil Européen des relations internationales, interrogé par l’Agence France Presse (AFP).

Ce ne serait pas la première fois que les États-Unis décident de frapper la Syrie. En avril 2017, Donald Trump avait fait bombarder une base militaire en riposte à une attaque au gaz sarin imputée au régime, qui avait tué plus de 80 civils à Khan Cheikhoun (nord-ouest).

Macron et Trump souhaitent « une réaction ferme »

Pour la deuxième fois en deux jours, Donald Trump s’est entretenu au téléphone avec Emmanuel Macron. Les deux présidents souhaitent « une réaction ferme » de la communauté internationale et vont « rester étroitement en contact », a rapporté l’Élysée. « Si la ligne rouge a été franchie, elle donnera lieu à une riposte », a par ailleurs affirmé Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, sur Europe 1.

Dans ce contexte, une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, réclamée notamment par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, a été lundi 9 avril le théâtre d’un face-à-face tendu avec la Russie.

Le trio occidental a clairement mis en cause le régime Assad pour l’attaque de samedi 7 avril, qui a fait, selon les Casques blancs et l’ONG médicale Syrian american medical society, plus de 40 morts dans la région de la Ghouta orientale que Damas est en passe de reconquérir intégralement.

« Seul un monstre peut faire cela », a martelé l’ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley, et le moment est venu « où le monde doit voir que justice est rendue ». « Il n’existe aucun doute sur les auteurs de cette nouvelle attaque », a renchéri l’ambassadeur français François Delattre.

Mais ils ont également pointé du doigt la Russie. « Quand le régime militaire syrien pilonne des civils, il le fait avec l’aide de la Russie », a insisté Nikki Haley. La Maison Blanche avait auparavant mis en cause la « responsabilité » de la Russie et l’Iran, estimant que le pouvoir syrien ne pouvait mener une attaque chimique « sans leur aide matérielle ». Donald Trump avait déjà averti Damas, Moscou et Téhéran qu’ils pourraient « payer le prix fort », incluant nommément, une fois n’est pas coutume, son homologue russe Vladimir Poutine dans ses avertissements.

Damas et Moscou nient toute responsabilité

« Nous appelons les Occidentaux à renoncer à la rhétorique guerrière », a répondu à l’ONU l’ambassadeur russe Vassily Nebenzia, mettant en garde contre de « graves conséquences » en cas d’action armée occidentale. « Il n’y a pas eu d’attaque chimique » à Douma, a-t-il ajouté, dénonçant une « mise en scène ». Vladimir Poutine a condamné pour sa part le caractère « inadmissible » des « spéculations » sur cette attaque chimique présumée.

Le spectre d’une riposte militaire a aussi été ravivé, lundi 9 avril, après des tirs de missiles contre la base militaire T-4 du régime, dans le centre de la Syrie. Les États-Unis et la France ont démenti être à l’origine d’une telle attaque. Damas et ses alliés russe et iranien ont accusé Israël.

Par ailleurs, sans surprise, le régime Assad a nié toute responsabilité dans l’usage de « gaz toxiques ». L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui s’appuie sur un vaste réseau de sources, n’était pas en mesure de confirmer une attaque chimique. Une vidéo postée par les Casques Blancs et présentée comme tournée après l’attaque présumée à Douma a montré un enchevêtrement de corps sans vie, dont ceux de femmes et d’enfants, allongés à même le sol, de la mousse blanche s’échappant de leur bouche. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé l’ouverture d’une enquête.