Angela Merkel a pu mesurer les enjeux de sa visite à Budapest, lundi 2 février, à l’aune des slogans du comité d’accueil réuni, la veille, devant le Parlement hongrois.

« Madame Merkel, sauvez la Hongrie ! » ou encore « Notre Angela, délivrez-nous du mal, nous voulons rester des citoyens européens », l’imploraient des manifestants – près de 4 000 au total – sur leurs pancartes.

Des liens politiques et commerciaux

Sur le papier, le bref séjour de la chancelière à Budapest se résume à une rencontre avec un « partenaire important », selon le ministère allemand des affaires étrangères.

Comme Angela Merkel, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, est membre du Parti populaire européen (PPE), qui réunit les formations conservatrices de l’Union européenne (UE).

Tous deux gouvernent des pays liés par le commerce : l’Allemagne achète un quart des exportations de la Hongrie, qui elle-même réalise en Allemagne un quart de ses importations.

Appel à la modération

Mais en se déplaçant à Budapest, Angela Merkel, d’ordinaire peu voyageuse, avait surtout pour intention de rappeler à l’ordre Viktor Orban, dont les penchants autoritaires ciblent la justice ou les médias : « Non libérale et démocratie ne peuvent, selon moi, pas aller ensemble », a-t-elle déclaré.

« Viktor Orban étant l’une des forces motrices du populisme en Europe, le but de la visite d’Angela Merkel était de l’inviter à être plus modéré », explique Josef Janning, analyste au bureau berlinois du Conseil européen pour les relations étrangères, un groupe de réflexion.

Depuis son retour au pouvoir, en 2010, Viktor Orban, ancien dissident anticommuniste, n’hésite pas à puiser dans le registre populiste pour fustiger l’UE, du budget de laquelle la Hongrie est toutefois bénéficiaire nette.

Ouverture hongroise à l’Est

Depuis un an, une nouvelle préoccupation s’ajoute aux inquiétudes de l’UE : la proximité croissante entre Viktor Orban et Vladimir Poutine, qui doit se rendre à Budapest le 17 février 2015.

Justifiée par l’économie (notamment par un prêt russe de plus de 10 milliards d’euros pour le financement de deux réacteurs nucléaires), cette fraternité permet aussi à Viktor Orban, à la tête d’un « petit » pays de l’UE, « d’accroître son standing en Europe », estime Josef Janning. En faisant cavalier seul, ce dernier existe sur la scène européenne.

Pour l’opposition hongroise, le choix de Viktor Orban, qui cite volontiers les méthodes de gouvernement de Vladimir Poutine en exemple, relève plus que de la simple tactique, et préfigure un retour en arrière.

« La Hongrie a été un membre du Pacte de Varsovie et s’est ouverte à l’Ouest, analyse le socialiste Laszlo Kovacs, ancien ministre des affaires étrangères. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Elle est un membre de l’UE et est en train de s’ouvrir à l’Est. »