Une page se tourne dans l’histoire apaisée du sultanat d’Oman. Après un demi-siècle de règne sans partage, le sultan Qabous est décédé vendredi 10 janvier des suites d’un cancer. Ce despote éclairé qui n’avait pas d’enfants avait su moderniser son pays et forgé son statut de médiateur régional, neutre et respecté dans le Golfe et sur la scène internationale.

Le lendemain de l’annonce de son décès, son cousin Haitham ben Tarek a été désigné pour le remplacer. Âgé de 65 ans, Haitham ben Tarek, est un passionné de sport, diplômé d’Oxford qui passe pour un érudit. Ce père de quatre enfants a occupé le poste de sous-secrétaire du ministère des affaires étrangères pour les affaires politiques, avant de devenir ministre du patrimoine et de la culture au milieu des années 1990.

Maintenir une politique de non-alignement

Au ministère des affaires étrangères, il a eu l’occasion de représenter son pays dans des conférences internationales mais il reste relativement peu connu sur le plan international. Il a également été le premier dirigeant de la fédération de football d’Oman au début des années 1980. Grand de taille, avec une barbe blanchie par les années, le nouveau sultan a joué un rôle clé auprès de plusieurs multinationales étrangères et il a été l’artisan de la réalisation de plusieurs grands projets, notamment dans le domaine de l’énergie et du tourisme.

→ ANALYSE. Le sultan d’Oman, médiateur des crises

Dans son premier discours en sa qualité de sultan, Haitham ben Tarek a promis de marcher dans les pas de son prédécesseur, notamment en matière de politique étrangère. Il s’est engagé à poursuivre une « politique étrangère basée sur la coexistence pacifique entre les nations (…) et sur la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres, dans le respect de la souveraineté des nations et de la coopération internationale ». Il a ajouté que son pays continuerait « comme sous le règne du sultan Qabous à favoriser des solutions pacifiques » aux crises régionales et mondiales.

Réformer l’économie

Depuis décembre 2013, il préside le Comité suprême chargé de développer la nouvelle stratégie nationale du pays, « Vision Oman 2040 », qu’il devrait selon toute vraisemblance continuer de soutenir. « Cet aspect est crucial car les réformes sociales et économiques ainsi que de l’économie politique sont les plus importants défis d’Oman, qui se débat avec un déficit élevé, une dette internationale et le chômage des jeunes », explique Cinzia Bianco, analyste auprès du Conseil européen pour les relations internationales.

À lire aussiOman, la modeste

Dans le sillage du printemps arabe en 2011, Oman a également connu des manifestations contre la corruption et le sultan Qabous avait alors écarté de hauts responsables qui étaient soupçonnés de mauvaise gestion. Le nouveau souverain a « des liens importants avec les familles d’entrepreneurs d’Oman et peut les influencer pour qu’elles se rallient aux changements », souligne Cinzia Bianco. Et il part avec l’avantage d’avoir une famille royale apparemment soudée derrière lui.