En pleine épidémie mondiale de coronavirus, le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi va entamer à partir du mardi 25 janvier une tournée diplomatique européenne qui durera une semaine. Alors que la Chine semble avoir maîtrisé le virus de Wuhan chez elle, son chef de la diplomatie, un des « sept immortels » qui dirigent la Chine, va prendre l’avion pour rencontrer « en présentiel » ses homologues ou chefs d’État de cinq pays européens : Italie, France, Allemagne, Pays-Bas et Norvège.

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Après des mois de diplomatie agressive sur les réseaux sociaux pendant la pandémie de la part des diplomates chinois, très contre-productive, le mot d’ordre officiel imposé à tous désormais par Pékin est de faire profil bas.

Ce voyage est une opération de charme de la part de la Chine

« Même si on ne connaît pas tous les détails de ce voyage et sa substance, il est clair que c’est une opération de charme pour tenter de réparer les pots cassés consécutifs à la pandémie du coronavirus, analyse le sinologue belge Philippe Paquet, tout en faisant oublier la responsabilité chinoise de cette épidémie planétaire. » Dans un contexte international très tendu où la Chine affronte une levée de boucliers internationale, menée par les États-Unis, pour sa répression au Xinjiang et à Hong Kong, il s’agira pour Wang Yi de tester l’attitude des leaders européens à son égard.

L’image de la Chine n’a jamais été autant dégradée à cause du coronavirus

« Toutes les études attestent que la Chine est dans le collimateur des opinions publiques occidentales », explique Philippe Le Corre, sinologue à la Kennedy School de Harvard. Comme le soulignait une étude du Conseil européen des affaires internationales (ECFR) le mois dernier, l’image de la Chine en Europe s’est détériorée de façon inédite.

En France, près de 70 % des sondés en ont une perception plus mauvaise qu’avant le coronavirus. Même en Italie, un des maillons faibles de l’Europe qui a signé des contrats pour adhérer aux Routes de la soie et qui a reçu des tonnes d’aides de Pékin pendant la crise virale, 80 % des Italiens ne voient pas la Chine de façon positive. « Les leaders politiques européens ne peuvent s’aliéner leur opinion publique », précise Philippe le Corre. Et on peut s’attendre à un accueil plutôt froid de la part des pays visités.

La Chine ne vient pas s’excuser pour être à l’origine de l’épidémie de coronavirus

Si certains sujets comme les droits de l’homme, le changement climatique, le multilatéralisme, la 5G, la situation post-Covid-19 et les relations économiques seront abordés durant la semaine, il ne faut pas s’attendre à des excuses chinoises.

« Même si sa responsabilité est clairement engagée, assure Philippe Paquet, la Chine défend toujours l’idée qu’elle n’y est pour rien. » Mais en Europe où on s’attend à une grave crise économique et sociale suite au coronavirus, l’épidémie n’est toujours pas maîtrisée et personne n’a oublié ses origines chinoises. Reste à savoir si l’Union européenne, qui qualifie depuis l’année dernière la Chine de « rival systémique », réussira à faire front commun contre une Chine plus que jamais hégémonique.