Le vote des électeurs italiens est un acte de rébellion contre une classe politique italienne trop longtemps murée dans des joutes idéologiques surannées et des privilèges matériels exorbitants.
Mais la défiance citoyenne qui s'exprime à travers le vote pour Beppe Grillo, le culte de l'outsider à la vulgarité affichée qui alimente celui de Silvio Berlusconi, ne suffisent pas à expliquer la double défaite cinglante de Luigi Bersani et Mario Monti. Adam Smith, le célèbre économiste anglais, évoquait la main invisible du marché; l'Europe, aujourd'hui, souffre de la main invisible d'un système de gouvernement devenu bien trop puissant pour continuer de régner sous le masque technocratique d'une gouvernance politiquement incolore.
Oui, la crise de l'euro nous démontre qu'en euroland, le chacun-pour-soi en matière budgétaire, fiscale, salariale, sociale créée des déséquilibres intolérables parce que dangereux. Mais ce qu'il faut à l'Europe, du moins dans sa partie constituée en zone monétaire unique, ce n'est pas plus de gouvernance, mais bien un vrai gouvernement européen, éligible et donc éjectable, porteur de la volonté d'une majorité politique.
Si tant d'italiens ont voté contre l'Europe, c'est aussi que l'Europe n'a pas le courage de se constituer en pouvoir soumettant ses choix au vote de ses citoyens.