Après les années Trump, les Européens ne croient plus au "parapluie" américain

Emmanuel Macron, Donald Trump et Angela Merkel réunis à Londres en décembre 2019 à l’occasion d’un sommet de l’OTAN : les Européens ne croient plus au « parapluie » américain après Trump. ©AFP - CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP
Emmanuel Macron, Donald Trump et Angela Merkel réunis à Londres en décembre 2019 à l’occasion d’un sommet de l’OTAN : les Européens ne croient plus au « parapluie » américain après Trump. ©AFP - CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP
Emmanuel Macron, Donald Trump et Angela Merkel réunis à Londres en décembre 2019 à l’occasion d’un sommet de l’OTAN : les Européens ne croient plus au « parapluie » américain après Trump. ©AFP - CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP
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Une étude d’opinion menée dans onze pays européens montre une perte de confiance envers la protection américaine après les années Trump, et un souhait que l’Europe assume plus sa propre défense. Un signe du défi qui attend Joe Biden auprès des alliés de l’Amérique.

Si les Américains avaient besoin de prendre la mesure de la dégradation de l’image de leur pays causée par les quatre années de Présidence Trump, ils pourraient consulter l’étude d’opinion réalisée par un think tank dans onze pays européens. Les résultats rendus publics hier en sont littéralement stupéfiants, et sans précédent.

L’ étude du think tank European Council on Foreign Relations ne surprendra pas les Français, héritiers du gaullisme, toujours plus méfiants vis-à-vis de la puissance américaine que leurs voisins. Ce qui est justement remarquable, c’est à quel point les opinions en Europe se sont désormais rapprochées de cette vision.

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La principale conclusion est que les Européens considèrent que le système politique américain est affaibli -l’étude est antérieure à l’assaut du Capitole, et les chiffres seraient sans doute supérieurs aujourd’hui… ; Et ça les amène à considérer que l’Europe ne peut plus compter sur les États-Unis pour la protéger contre les menaces extérieures, et doit penser plus à sa propre défense. Plus de 60% des Européens sont de cet avis dans tous les pays sondés, y compris la Pologne eurosceptique et même le Royaume Uni, qui ne fait plus partie de l’Union mais a été néanmoins inclus dans l’étude.

Joe Biden est certes bien accueilli par les Européens, mais les difficultés de la transition auront renforcé l’idée que les problèmes intérieurs vont accaparer son énergie, et, surtout, que les États-Unis ne sont plus fiables ; ils ont élu Trump une fois, pourquoi pas de nouveau Trump ou un autre démagogue dans quatre ans ?

Mais ce n’est évidemment qu’un sondage, c’est-à-dire une photo de l’opinion à un instant « T ». Il est tout à fait possible que Joe Biden parvienne à rétablir l’image de son pays, un peu comme Barack Obama l’avait fait après les années Bush.

Il y a néanmoins des tendances de fond, au-delà même de ce contexte particulier. Les auteurs partagent ainsi les Européens en quatre grandes familles, ou « tribus géopolitiques », dont la plus petite est celle qui fait confiance aux États-Unis : moins de 10%.

La plus grande est celle qui croit en l’Europe -35%-, suivie de celle qui se vit en déclin. Personne ne sera surpris de trouver la France et son pessimisme chronique dans cette catégorie, alors que l’Allemagne est dans celle qui croit en l’Europe.

Cet effacement de la certitude du parapluie américain place l’Europe face au défi de sa propre défense. C’est ce que demande la France depuis longtemps, mais l’étude montre que ce n’est pas vers Paris, mais vers Berlin que se tournent les Européens pour une direction ; une Allemagne qui a toujours rechigné à assumer un leadership trop marqué, et dont on a vu, après l’élection de Joe Biden, que certains de ses dirigeants n’ont pas renoncé à une vision atlantiste plus classique.

Cette étude tend un miroir aux Européens pour prendre conscience de l’enjeu actuel. La question n’est donc pas de savoir ce que vont faire les États-Unis de Biden, mais ce que vont faire les Européens eux-mêmes, longtemps hésitants à se prendre en mains, … mais que Donald Trump aura peut-être aidé à s’assumer en tant qu’Européens. 

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