L’effet Macron sur le Front National / La diplomatie chinoise du panda

Angela Merkel accueille Meng Meng au zoo de Berlin le 5 juillet 2017 ©AFP - AXEL SCHMIDT / POOL
Angela Merkel accueille Meng Meng au zoo de Berlin le 5 juillet 2017 ©AFP - AXEL SCHMIDT / POOL
Angela Merkel accueille Meng Meng au zoo de Berlin le 5 juillet 2017 ©AFP - AXEL SCHMIDT / POOL
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La fulgurante ascension d'Emmanuel Macron a-t-elle durablement marginalisé le Front National ? La diplomatie des pandas ou le soft power chinois.

L’effet Macron sur le Front National

La fulgurante ascension d’Emmanuel Macron a provoqué des dégâts collatéraux dans la classe politique au rang desquels la marginalisation du Front National. Eradiquer le FN et la colère dont il se nourrit, c’était l’un des buts d’Emmanuel Macron. Le relatif faible score du Front national à la présidentielle (33%) puis aux législatives (8 sièges) et les dissensions internes qui rongent le parti depuis le débat télévisé de l’entre-deux tours, semblent lui avoir donné raison. Au lendemain des élections, Marine Le Pen avait promis que son parti représenterait la « première force d’opposition » au président de la République. Mais depuis le début de l’été, le terrain de la contestation est surtout occupé par la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

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Les déplacements symboliques du candidat Macron pendant la campagne électorale, au Mémorial de la Shoah par exemple, avaient contribué à réactiver le réflexe républicain contre le FN. Comme son positionnement « ni droite ni gauche » qui a attiré des millions de Français, y compris des électeurs du Front national puisqu’En Marche est arrivé en tête aux législatives dans six villes frontistes. Depuis qu’il est à l’Elysée, les actions diplomatiques du nouveau président ont également contribué à la mise à l’écart du parti de Marine Le Pen. En accueillant Vladimir Poutine et Donald Trump à Paris, Emmanuel Macron a coupé l’herbe sous le pied du FN. Mais cette marginalisation sera-t-elle durable ? Le FN a déjà été donné pour mort à plusieurs reprises dans l’histoire. A tort. Les causes structurelles du succès électoral du Front national, notamment l’immigration et le chômage, n’étant pas amenées à disparaître rapidement, on peut s’interroger sur la pérennité de l’effet Macron sur un parti connu pour sa résilience face à l’épreuve. Si la victoire sans partage de Macron, le vent d’optimisme qu’il a fait souffler sur l’hexagone ont découragé les électeurs FN, la baisse de popularité du président pendant l’été et les réformes difficiles qui s’annoncent à la rentrée peuvent-ils les remotiver ?

Avec Nonna Mayer, sociologue et politologue. Directrice de recherche émérite au CNRS. Elle a dirigé avec Sylvain Crépon et Alexandre Dézé l’ouvrage Les faux-semblants du Front national: Sociologie d'un parti politique publié par les Presses de Sciences Po en 2015. Et a co-rédigé avec Céline Braconnier Les inaudibles (Presses de Sciences Po, 2015) ; et Jean Garrigues est professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Orléans et à Sciences Po. Co-auteur d’ Elysée Circus : Une histoire drôle et cruelle des présidentielles (Tallandier, 2016).

La diplomatie chinoise du panda

Ils ont fait la une des médias français au début du mois d’aout, prenant presque autant de place dans les radios et les journaux qu’une nouvelle naissance dans la famille royale britannique. Pendant une semaine, tous les yeux ont été rivés sur la naissance des jumeaux issus de l’union de Huan Huan et de Yuan Zi, deux pandas géants prêtés au zoo de Beauval par la Chine pour dix ans. L’un des deux est mort à la naissance mais le deuxième se porte bien et Brigitte Macron, comme le veut la tradition, a accepté d’être sa marraine. Développée sous Mao Zedong, la diplomatie du panda vise à asseoir l’influence chinoise dans le monde en remerciant les alliés politiques ou économiques de la Chine.

Mais elle n’est que l’un des aspects du soft power chinois, qui déploie ses tentacules dans de nombreux domaines. En mai 2017, Pékin a lancé à grands renforts de publicité les nouvelles routes de la soie. Un projet pharaonique qui vise à conforter son rôle de deuxième puissance économique mondiale en reliant par une ceinture terrestre et par les Océans pas moins de 65 nations d’Asie et d’Europe. Une politique d’expansion planétaire destinée à permettre à la Chine d’exporter les surcapacités de son économie et, selon certains, de remodeler la mondialisation à son profit. Le soft power chinois s’étend aussi au sport. Pékin, qui ambitionne de devenir une superpuissance du football, dépense sans compter pour acheter des joueurs étrangers à des prix astronomiques. Ce soft power s’appuie sur le mythe d’une Chine impériale garante de l’harmonie et de la stabilité régionale par opposition à l’usage de la force par les puissances européennes à l’époque de la colonisation. Il prétend faire la promotion du « modèle chinois » jugé supérieur au modèle occidental. Mais il n’empêche pas Pékin d’augmenter son budget de la défense chaque année. En quinze ans, les dépenses militaires ont été multipliées par dix. Au grand damne des voisins de la Chine, qui s’inquiètent de plus en plus ouvertement de la menace que constitue pour eux le hard power chinois.

Avec Quentin Biville, enseignant à l’université Panthéon-Sorbonne. Ses recherches portent sur la politique chinoise de défense de l’environnement comme moyen d’influence géostratégique ; Mathieu Duchatel directeur du programme Asia and China pour le Conseil Européen des Relations Internationales. Il est l’auteur de Géopolitique de la Chine publié aux Presses universitaires de France, dans la collection « Que sais-je ? » (2017) ; et Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique.

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