Le pari de May

 Portrait of British Prime Minister Theresa May , 2 Feb. 2017/Le Parlement de Londres, soleil couchant par C. Monet, 1903 - Wikicommons/Controller of Her Majesty’s Stationery Off./National Gallery of Art
Portrait of British Prime Minister Theresa May , 2 Feb. 2017/Le Parlement de Londres, soleil couchant par C. Monet, 1903 - Wikicommons/Controller of Her Majesty’s Stationery Off./National Gallery of Art
Portrait of British Prime Minister Theresa May , 2 Feb. 2017/Le Parlement de Londres, soleil couchant par C. Monet, 1903 - Wikicommons/Controller of Her Majesty’s Stationery Off./National Gallery of Art
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Quelle est la situation politique en Grande Bretagne ? Quelle est la stratégie de Theresa May avec les élections législatives anticipées, le 8 juin prochain au Royaume-Uni ? Quels enjeux pour les négociations autour du Brexit et les relations avec l'Union Européenne ?

Avec
  • Mark Leonard Directeur du Conseil européen des relations internationales (ECFR)
  • Catherine Mathieu Économiste à l’OFCE, spécialiste du Royaume-Uni et des questions européennes
  • Luuk Van Middelaar Historien et philosophe, titulaire de la Chaire Valeurs européennes à l’Université catholique de Louvain (UCL), Auteur du Passage to Europe (Yale UP, Gallimard etc.). Editorialiste @nrc @tijd. Prof Univ Leiden and Louvain-la-Neuve.
  • Claire Demesmay Professeure à l’Université de Sarre Chercheure au Centre Marc Bloch de Berlin
  • Denis MacShane Ancien ministre britannique des affaires européennes

Autour de Christine Ockrent :

Catherine Mathieu, Économiste senior au Département analyse et prévision à l’OFCE, Elles a publié « Brexit : Le prix à payer », in L’économie européenne 2017, OFCE – Collection Repères/La Découverte, février 2017 et « Après le Brexit, l’Europe doit repenser l’Union », in L’Etat de l’économie 2017, Alternatives économiques/en partenariat avec l’OFCE, février 2017.

Au téléphone depuis Londres, Mark Leonard, Directeur du European Council on Foreign Relations

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Denis McShane, depuis Londres, ancien ministre britannique des Affaires européennes, ancien député travailliste. En 2015, il a publié, Brexit: How Britain Will Leave Europe et plus récemment, How Britain Left Europe chez IB Tauris

En duplex depuis Bruxelles, en direct depuis le studio de Radio France, Luuk van Middelaar, philosophe politique et historien, professeur à l’ Université Leiden. Il a publié Le Passage à l'Europe. Histoire d'un commencement (chez Gallimard en 2012, Prix du Livre européen).

Au téléphone depuis Berlin, Claire Demesmay, responsable du programme franco-allemand à l'Institut allemand de politique étrangère (DGAP). Elle a publié avec Cécile Calla, Que reste-t-il du couple franco-allemand, (La Documentation française, 2013 - Prix parlementaire franco-allemand).

La chronique d'Eric Chol de Courrier International

Avec cette annonce surprise d’élections anticipées, Theresa May a montré qu’elle a un certain talent pour tenter de rebattre les cartes politiques de son pays….

Ce coup politique ne lui a pas fait que des amis de l’autre côté de la Manche. Rafael Behr, éditorialiste au Guardian, évoque l’indignation et la colère chez les anti-brexit, dont il fait partie, parce qu’ils redoutent un raz de marée conservateur, le 8 juin prochain.

D’un point de vue tactique, c’est très bien joué de la part de la part de Theresa May, reconnaît le Guardian,

"son indice de satisfaction se trouve dans cette zone que bien peu de Premiers ministres fréquentent, et où aucun ne reste jamais bien longtemps. Maintenant qu’une date a été annoncée pour les législatives, poursuit l’éditorialiste, il paraîtra bientôt absurde d’imaginer qu’elle aurait pu attendre encore".

Cette logique électorale ne retire rien au calcul politique, au point que le journaliste du Guardian n’hésite pas à qualifier Theresa May d’ « intrigante machiavélique ». Car, rappelle-t-il, elle avait, elle même, martelé qu’il n’était pas question d’organiser des élections avant 2020. Cette volte-face apparaît comme l’ultime étape de l’évolution politique entamée par Theresa May. Ainsi, écrit le journaliste :

"son soutien du bout des lèvres pour le camp pro-européen" –c’était il y a un an - "a été gaillardement remplacé par l’idée d’une rupture radicale avec l ‘Union européenne. Et pour achever sa révolution, écrit l’éditorialiste elle a, aujourd’hui, besoin d’un nouveau Parlement à ses ordres".

Mais ne dites pas à Theresa May qu’elle se livre à des jeux politiques :

"sa conviction d’être mue par les motifs les plus nobles l’emporte sur toute possibilité de reconnaître le cynisme de ses actes", estime le journaliste.

Car avec ces élections, Theresa May veut se débarrasser,

"des forces qui s’opposent à Westminster à l’épanouissement du Royaume-Uni post-brexit : les travaillistes, les libéraux démocrates, les nationalistes écossais et les Lords non élus. En résumé, toux ceux qui doutent et n’ont pas la foi", conclut le journaliste.

Ce talent politique va-t-il servir Theresa May dans la négociation avec les 27 ?

Le Financial Times a dressé un portrait de Theresa May, qui montre un premier ministre sans aucun doute douée pour la politique, mais aussi qui la dépeint comme un personnage autoritaire, solitaire et rigide.

"Elle aime maîtriser la situation, écrit le Financial Times. Elle n’accepte un compromis que si toutes les autres options ont été épuisées". Et puis, à la différence de son prédécesseur David Cameron, elle ne se préoccupe guère des relations personnelles.

"Des images filmées récemment lors d’un sommet européen, où on la voit seule et mal à l’aise, alors que ses collègues cancanent en arrière plan, montrent bien qu’elle est un outsider au sein de ce club", juge le Financial Times.

Alors maladroite et piètre diplomate, peut-être mais la nouvelle Dame de fer de Londres est aussi une «négociatrice intraitable », prévient le journal :

"foncièrement droite, mais trop inflexible pour trouver des compromis au pied levé".

Surtout en bonne joueuse de poker, Theresa May est prête à tenir bon.

"Elle affirme qu’elle préfère n’aboutir à aucun accord plutôt qu’à un mauvais accord. Elle menace de quitter la table des négociations si les conditions ne lui conviennent pas. Une perspective qui alarme pourtant les entreprises", relève le quotidien britannique des affaires.

Alors Theresa May serait-elle déjà en train de bluffer ? « Non répond l’ancien ministre Peter Mandelson, elle ne fait pas semblant ».

C’est peut-être la meilleure définition à retenir de cette femme très secrète qui s’apprête à négocier le divorce de la Grande Bretagne avec l’Union européenne : elle ne fait pas semblant.

Pour prolonger :

L'Economie en questions, "Brexit, dedans ou dehors : enfin l'heure des choix !", le 8 avril 2017.

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