L'Europe aux urnes

La veille de l’anniversaire du traité fondateur de l’UE, citoyens & organisations de la société civile manifestent à Bruxelles, le 24.03.2019, 2 mois avant les élections européennes, pour défendre les valeurs de solidarité, de démocratie & de paix. ©Getty - Photo par Ana Fernandez/SOPA Images/LightRocket via Getty Images
La veille de l’anniversaire du traité fondateur de l’UE, citoyens & organisations de la société civile manifestent à Bruxelles, le 24.03.2019, 2 mois avant les élections européennes, pour défendre les valeurs de solidarité, de démocratie & de paix. ©Getty - Photo par Ana Fernandez/SOPA Images/LightRocket via Getty Images
La veille de l’anniversaire du traité fondateur de l’UE, citoyens & organisations de la société civile manifestent à Bruxelles, le 24.03.2019, 2 mois avant les élections européennes, pour défendre les valeurs de solidarité, de démocratie & de paix. ©Getty - Photo par Ana Fernandez/SOPA Images/LightRocket via Getty Images
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L'Espagne vote le 28 avril pour élire son parlement, après une campagne agitée. Ce sera un test intéressant avant les élections européennes, alors que des études transnationales à rebours des préjugés, des prédictions révèlent une Europe où les clivages Est-Ouest ne sont pas si nets.

Avec
  • Christine Verger Conseillère et responsable des relations avec les parlements pour Notre Europe-Institut Jacques Delors
  • Manuel Lafont Rapnouil Directeur du bureau de Paris du European Council on Foreign Relations (Conseil européen des relations internationales).
  • Pierre Verjans
  • Benoît Pellistrandi Historien, spécialiste de l’Espagne contemporaine, professeur en classes préparatoires au Lycée Condorcet à Paris
  • Jacques Rupnik Historien, politologue, directeur de recherche émérite au CERI/Sciences Po

Ces études révèlent également  des priorités communes et un nouvel espace transnational. Dès lors, les motivations purement nationales seront-elles décisives? La question migratoire sera-t-elle déterminante? 

Christine Verger, Conseillère et responsable des relations avec les parlements pour Notre Europe-Institut Jacques Delors, ancienne conseillère au cabinet du Président de la Commission Jacques Delors, Christine Verger a été directrice de la Représentation de la Commission européenne en France (1994-1996). Ses contributions sont en ligne sur le site de Notre Europe.

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Par téléphone, depuis Madrid, Benoit Pellistrandi, historien, professeur en Première Supérieure au lycée Condorcet à Paris, ancien directeur des études de la Casa de Velázquez (Madrid). Il vient de publier Le labyrinthe catalan _(_Desclée De Brouwer). Il vient de publier une tribune dans le Figaro intitulée " Élections: l’Espagne joue-t-elle son destin?"

"Ce scrutin se présente comme un véritable point critique pour tous les acteurs du système politique espagnol. C'est moins l’avenir à long terme de l'essence de l'Espagne  qui est remis en jeu - même si des questions de fond, à commencer par la Catalogne, attendent au moins une perspective de solution - que l'avenir, à court terme, de chacune des organisations politiques et partisanes"

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Manuel Lafont Rapnouil, Directeur du bureau de Paris du European Council on Foreign Relations (Conseil européen des relations internationales). L'ECFR vient de publier le rapport intitulé " Ce que les Européens veulent vraiment : 5 mythes démystifiés" (Avril 2019).
 

Par téléphone depuis Liège, Pierre Verjans, Vice-doyen à l’enseignement, Professeur de sciences politiques à l'Université de Liège (Belgique). Sa contribution, intitulée, “Les versions du populisme. Glissements sémantiques de l’alliance néo-flamande” sera publiée prochainement dans le cadre de l’ouvrage collectif, Populismes et nationalismes en Europe sous la direction de Carine Berberi ( Le Manuscrit, collection "Auctoritas")

Par téléphone, Jacques Rupnik, directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po (CERI), spécialiste de l'Europe centrale et orientale. Il a dirigé l’ouvrage collectif Géopolitique de la démocratisation: L'Europe et ses voisinages aux Presses de Science Po en 2014.

Albert Rivera, président du parti de centre-droit espagnol, porte des drapeaux, le 12 avril, après un rassemblement électoral à Malaga, avant les élections générales du 28 avril, 2019, en Espagne
Albert Rivera, président du parti de centre-droit espagnol, porte des drapeaux, le 12 avril, après un rassemblement électoral à Malaga, avant les élections générales du 28 avril, 2019, en Espagne
© Getty - Photo by Daniel Perez Garcia-Santos/Getty Images

Pour prolonger :

Autour de l'enquête d'ECFR : " Ce que les Européens veulent vraiment : 5 mythes démystifiés" (Avril 2019).

  • L'étude ECFR/YouGov révèle une grande fluidité dans les intentions de vote : 70% des Européens certains de voter doivent encore faire leur choix.
  • La grande opposition n’est pas entre « l’Europe ouverte » et « les États-nations fermés », mais entre le statu quo et le changement. Un nombre record de personnes soutiennent désormais l’UE – et même les partis eurosceptiques se sont repositionnés.
  • Il n’y a pas qu'un seul enjeu dans l’esprit des électeurs ; en fait, beaucoup sont plus préoccupés par l’émigration que par l’immigration. Et beaucoup sont plus préoccupés par le radicalisme islamique, la montée du nationalisme et l’économie. Un peu moins de 59 millions de personnes considèrent la migration comme l’une des principales menaces pour l’Europe (seulement 15% de la population votante de l’UE).
  • Ces résultats mettent en lumière les questions qui détermineront les votes des Européens et les champs de bataille à venir. Surtout, les électeurs sont prêts à aller, aujourd'hui, dans de nombreuses et diverses directions, de sorte que, jusqu'au vote, les événements de dernière minute pourraient façonner la composition finale du Parlement européen.
Manifestation des jeunes lors de la 7e marche de Bruxelles sur le climat, le 21 février 2019 à Bruxelles, Belgique.
Manifestation des jeunes lors de la 7e marche de Bruxelles sur le climat, le 21 février 2019 à Bruxelles, Belgique.
© Getty - Photo Maja Hitij/Getty Images

L'enquête de WeEuropeans sur Make.org : TOP 10 des propositions sélectionnées par les citoyens européens... (sur la page plus d'informations autour de cette grande enquête).

  1. Il faut créer un programme de recyclage à l’échelle européenne. Les matières premières doivent être réutilisées plutôt que détruites. (Mary Netherlands)
  2. Il faut interdire aux criminels (p. ex. évadés fiscaux) de travailler dans le secteur public ou de se présenter à des élections en Europe. (Alessandro Italy)
  3. Il faut protéger les forêts au moyen d’une gestion efficace, et recréer des forêts de feuillus. Pour 1 arbre coupé, 5 arbres sont plantés. (Anna Ireland)
  4. Il faut cesser les niches fiscales accordées aux multinationales. Les impôts doivent être payés dans le pays où sont générés les bénéfices. (Jules Belgium)
  5. Il faut investir dans l’enseignement et la recherche. (Gheorghe-Adrian Romania)
  6. Il faut protéger les droits des travailleurs dans tous les pays de l’UE. (Andriani Greece)
  7. Il faut coordonner les limitations de produits chimiques, notamment dans l’industrie alimentaire. (Reinhold Sweden)
  8. Il faut encourager les projets d’énergie renouvelable dans les villes. (Birute Lithuania)
  9. Il faut disposer d’informations claires et transparentes sur l’ensemble des projets et accords au sein de l’UE. (SalvadorSpain)
  10. Il faut s’assurer que tous les citoyens de l’UE peuvent être soignés dans les pays de l’UE avec une carte européenne d’assurance maladie. (Nadejda Bulgaria)

Koen Abts, Emmanuel Dalle Mulle & Rudi Laermans " Beyond issue diversification: N-VA and the communitarisation of political, economic and cultural conflicts" in Belgium, West European Politics, 42 (8 mars 2019).

Elections en Espagne : la puissance des réseaux sociaux

El Pais : "A screenshot from the “Bert and Ernie” video that the PP recently sent via WhatsApp"
El Pais : "A screenshot from the “Bert and Ernie” video that the PP recently sent via WhatsApp"
- El Pais

La revue de presse d'Eric Chol, Directeur de la rédaction de Courrier International

La campagne qui s’achève a encore montré la puissance des réseaux sociaux…

Il y a d’ailleurs un exemple tout récent, lors du premier débat entre les candidats. On voit sur des images postées en ligne ces candidats, tous masculins, se concentrer et se préparer au débat , mais surtout on voit au premier plan des femmes de ménage nettoyant  le plateau de télévision. La vidéo a immédiatement fait le tour des réseaux sociaux, et même si les candidats sur le plateau ont bien abordé les thèmes liés au féminisme, comme le rappelle El País, ce n’est pas suffisant, a estimé de son côté le collectif féministe MujeresRTVE, qui a souligné l’aspect choquant de la scène.

On le voit avec cette polémique, les réseaux sociaux ont été au cœur de la campagne espagnole, avec une particularité cette année: 

«Jusque là, les partis politiques utilisaient Facebook, Twitter ou Instagram pour diffuser leurs messages, mais cette fois, c’est WhatsApp qui est leur application favorite », raconte El Pais.

Un choix qui ne doit rien au hasard. WhatsApp est le réseau social le plus populaire parmi les Espagnols. Au point, détaille El País, que ces derniers passent en moyenne 90 minutes par jour sur cette application. Cette popularité « transforme ce service de messagerie instantanée en un outil clef dans la bataille pour gagner des électeurs ».

Le Parti populaire, qui utilise WhatsApp depuis 2014 revendique aujourd’hui des milliers d’abonnés, qui échanges des idées, photos et vidéos. Même chose pour Vox, cette formation d’extrême droite.

Pour Antonio Gutiérrez-Rubí, l’auteur du livre « la politique au temps de Whatsapp », les partis politiques ont compris que les gens se font d’abord confiance entre eux, avant de croire aux institutions. Et le grand avantage de WhatsApp, poursuit-il, c’est qu’il permet aux idées de devenir rapidement virales. "Un message atteint un premier niveau de groupes, qui le passent à d’autres et encore à d’autres".

Existe-t-il un contrôle de  ces réseaux sociaux ?

On observe tout d’abord de la part des plate-formes elles-mêmes une plus grande responsabilité: cette semaine, Facebook a par exemple  supprimé les pages de 3 groupes d’extrême droite, qui comptabilisent un million et demi d’abonnés, nous dit El Pais.

«Ce retrait de contenus, quelques jours avant les élections générales, est sans doute l’une des décisions les plus lourdes politiquement que Facebook ait eu à prendre en Espagne », commente le quotidien. 

A l’origine de cette suppression, il y a l’enquête d’une ONG, Avaz, qui a montré comment ces groupes violaient les règles édictées par Facebook, en recourant à des comptes falsifiés ou dupliqués.

Les autorités espagnoles ont aussi pris des mesures pour éviter la propagation des fausses informations: elles ont même établi récemment une unité spécialisée pour combattre, « les menaces hybrides », dont les cyberattaques ou les campagnes de  désinformation. Or l’un de leur plus grands sujets d’inquiétude concerne Whatsapp, « car sur cette application,  le message est envoyé par une personne que vous connaissez, ou un groupe auquel vous appartenez, ce qui lui confère une plus forte crédibilité ».

Le gouvernement a-t-il les moyens d’assurer une campagne propre ?

Il y a bien en Espagne un texte qui réglemente et encadre les campagnes d’affichage, cette loi date de 1985, et elle est totalement dépassée aujourd’hui. 

« Derrière les panneaux publicitaires, il y a nécessairement une entreprise qui paie et une signature qui autorise cette dépense publicitaire, mais derrière un message viral sur WhatsApp, la seule chose dont vous ayez besoin, ce sont des volontaires pour  diffuser votre message », explique El Pais.

Cette loi de 1985 interdit également de faire campagne la veille du vote ou de publier des sondages d'opinion quelques jours avant le scrutin. 

«Mais c’est très facile de contourner ces deux interdictions via un compte Twitter qui peut même être anonyme ou avec des messages en chaîne », rapporte le journaliste

Clairement, si le gouvernement espagnol a tenté de faire une campagne propre, il se bat avec des outils pas toujours adaptés..

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