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UNION EUROPÉENNE

Européennes : les pays du Sud et de l'Est redoutent plus l'émigration que l'immigration

À un mois et demi des élections européennes, une vaste étude établit que l'immigration est loin d'être la seule préoccupation des citoyens de l'Union. Elle est même parfois devancée par l'émigration.

Des drapeaux européens devant le siège de la Commission européenne, à Bruxelles.
Des drapeaux européens devant le siège de la Commission européenne, à Bruxelles. Yves Herman, Reuters
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Alors que débute la campagne pour les élections européennes, qui auront lieu du 23 au 26 mai, les Européens ne font pas une fixation sur l’immigration. C’est ce qui ressort de la vaste étude du Conseil européen des relations internationales (ECFR), réalisée par l’Institut de sondages YouGov et dévoilée lundi 1er avril par les journaux du réseau Europa.

Dans cette photographie de l’opinion européenne (45 000 personnes ont été interrogées dans 14 pays de l’Union européenne, couvrant 80 % des sièges du Parlement de Strasbourg), l'immigration est ainsi citée comme un des deux sujets de préoccupation principaux par 23 % des Européens interrogés, soit à peu près dans les mêmes proportions que le chômage (20 %), le coût de la vie (18 %) et la santé (17 %) et la corruption (16 %).

Le "mythe" de l'immigration comme unique préoccupation des citoyens européens

"La plupart des dirigeants européens ont adhéré aveuglément à l’idée que l’immigration était la seule et unique préoccupation des citoyens européens, mais c’est un mythe", analyse Pawel Zerka, politologue au Conseil européen des relations internationales, interrogé par France 24. Il souligne que la plupart des personnes interrogées n’ont pas relevé d’impact de l’immigration sur leur vie, leurs emplois, l'identité nationale ou leur sécurité personnelle. Ce n’est que pour l’impact sur la criminalité et la sécurité au niveau national – un problème plus conceptuel – qu’une majorité de citoyens a déclaré que l’impact global de l’immigration était négatif.Seuls les Hongrois posent l’immigration comme leur préoccupation numéro un ce qui, relève l’EFCR dans l’étude, n’a rien de surprenant compte tenu de "la propagande sans fin du Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, relayée dans les médias contrôlés par l’État".

Une préoccupation pourtant reléguée au second plan lorsque le spectre de l’émigration (le départ des habitants de leur pays) est mentionné. Ainsi, en dépit du discours et de la politique de leurs dirigeants respectifs (Viktor Orbánet Matteo Salvini) les Hongrois et Italiensredoutent, en fait, davantage l’émigration que l’immigration révèle l’étude (à hauteur de 39 % en Hongrie et 32 % en Italie). Un phénomène qui s’observe ailleurs, dans le sud de l’Europe, en Espagne (34 %), et dans l’est, en Roumanie (55 %) et en Pologne (30 %). "C’est l’une des grandes révélations de notre étude : l’émigration est une préoccupation qui doit être prise en compte et à laquelle il faut apporter une réponse", relève Pawel Zerka.

"Un pas vers l'auto-emprisonnement"

Dans ces pays redoutant l’émigration, une majorité de personnes interrogées vont jusqu’à se dire favorables à une législation empêchant les citoyens de quitter leur pays pour une longue durée. "Dans une Europe qui se targue de supprimer les frontières et de promouvoir la liberté de circulation, ce pas vers l'auto-emprisonnement est étonnant, mais peut-être compréhensible", estime Mark Leonard, le directeur de l'ECFR. "En Roumanie, un citoyen sur cinq a quitté son pays au cours de la dernière décennie. Ceux qui sont restés se sentent tellement désespérés qu’ils semblent prêts à reconstruire eux-mêmes un mur pour eux-mêmes, à peine trois décennies après la chute du mur de Berlin", poursuit-il.

Le thème de l’immigration est toutefois susceptible de faire surface durant la campagne pour les Européennes par un autre biais : 22 % des sondés jugent, en effet, que "l’islamisme radical" est la principale menace qui plane sur l’Europe. Une considération que pourraient chercher à exploiter les partis d’extrême droite en faisant l’amalgame entre islamisme radical et immigration.

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