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IRAK

Washington et Téhéran se trouvent un ennemi commun : l’EIIL

Alors que l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) s'est emparé la semaine dernière de deux bastions sunnites en Irak, Américains et Iraniens s’inquiètent de la montée en puissance de ce groupe djihadiste.

AFP
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Une fois n’est pas coutume, Washington et Téhéran sont sur la même longueur d’onde. Si au cours des 30 dernières années ces deux puissances n’ont pratiquement jamais partagé les mêmes intérêts stratégiques au Moyen-Orient, leurs positions semblent s’accorder cette fois sur la question irakienne. Dimanche 5 janvier, les deux pays se sont en effet dits prêts à venir en aide aux autorités de Bagdad qui sont confrontées à une insurrection menée par les djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et par des groupuscules anti-gouvernementaux. 

Américains et Iraniens s’inquiètent de la montée en puissance fulgurante de ce groupe djihadiste, également actif en Syrie où il est devenu un acteur majeur de la guerre. La semaine dernière, l'EIIL s'est illustré par la prise de contrôle de Fallouja et de certains quartiers de Ramadi. Les deux localités, situées dans la province majoritairement sunnite d'Al-Anbar, se trouvent toutes deux à moins de 100 kilomètres à l'ouest de Bagdad.
 
Cité par l'agence de presse Tasnim, le général Mohammad Hejazi, chef d'état-major adjoint de l'armée iranienne, a déclaré que Téhéran était prêt à fournir "des équipements militaires ou des consultations" à l'Irak. Il a jugé en revanche que le déploiement de forces iraniennes sur le sol de son voisin n’était pas nécessaire.
 
De son côté, le secrétaire d'État américain John Kerry, en visite au Moyen-Orient, a quasiment fait la même déclaration dimanche devant la presse à Jérusalem. Se disant "très, très préoccupé" par la montée en puissance de l'EIIL en Irak, "les acteurs les plus dangereux dans la région", il a affirmé que les États-Unis continueront "d'être en contact étroit" avec les autorités irakiennes. Il a également indiqué que Washington n’envisageait pas d’envoyer des troupes au sol. "Nous les aiderons dans leur combat mais c'est un combat que [les autorités irakiennes] doivent à terme gagner elles-mêmes et j'ai confiance dans le fait qu'elles peuvent y parvenir", a-t-il souligné.
 
La politique américaine en Irak en question
 
Il s’agit de deux soutiens de poids pour le gouvernement du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, qui s’apprête à lancer une attaque majeure à Fallouja. Mais ces deux appuis risquent de nourrir un peu plus le ressentiment de la communauté sunnite irakienne, naguère dominante sous Saddam Hussein bien que minoritaire dans le pays, qui s’estime discriminée et marginalisée par un pouvoir chiite qu’elle juge à la botte de l’Iran. Et par ricochet de renforcer l’EIIL, sachant que "les djihadistes capitalisent sur le sentiment anti-gouvernemental et sur les divergences entre tribus pour recruter dans leurs rangs", comme l’expliquait récemment à FRANCE 24 Myriam Benraad, spécialiste de l’Irak et analyste au Conseil européen des Affaires étrangères (ECFR).
 
Cette crise en Irak, qui s’inscrit dans un contexte de tensions sectaires explosives entre sunnites et chiites en Syrie et au Liban, et sur un plan plus régional entre l’Iran chiite et l’Arabie saoudite sunnite, a remis en lumière l’échec américain en Irak. Ironie de l’histoire, les deux bastions sunnites qui sont tombés dans l’escarcelle de l’EIIL sont les mêmes que les forces américaines avaient peiné à sécuriser en 2004 et où elles avaient subi leurs plus lourdes pertes depuis la guerre du Vietnam.
 
Aux États-Unis, des voix s’élèvent pour critiquer la politique de l’administration Obama, qui a ordonné fin 2011 le retrait total de l’armée américaine d'Irak après 8 ans de présence tandis que Nouri al-Maliki s’installait au même moment durablement au pouvoir et renforçait considérablement les relations de Bagdad avec Téhéran.
 
Dans un communiqué cosigné par John McCain et Lindsey Graham, les deux influents sénateurs républicains estiment amèrement que "si de nombreux Irakiens sont responsables de ce désastre stratégique", l’administration Obama "ne peut échapper à sa part de critiques". Et d’ajouter : "Quand le président Obama a retiré toutes les forces américaines présentes en Irak en 2011, et ce malgré les objections de chefs de l’armée et de commandants militaires présents sur le terrain, nous étions nombreux à prédire que le vide allait profiter aux ennemis des États-Unis", regrettent les deux sénateurs, très impliqués dans les questions de politique internationale. "Malheureusement, cette réalité est désormais plus évidente que jamais", concluent-ils.

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