Les Français plus inquiets du coût de la vie que de l’immigration

Manifestation contre la corruption en Roumanie. Parmi les électeurs sondés, la corruption est un sujet plus prioritaire que l'immigration. EPA-EFE/BOGDAN CRISTEL

Une nouvelle enquête souligne que l’immigration n’est pas la préoccupation majeure des électeurs européens, plutôt inquiets de problèmes nationaux comme la corruption, le chômage ou le coût de la vie.

Viktor Orbán, Matteo Salvini ou Steve Bannon assurent que les élections européennes du 23 au 26 mai seront avant tout un référendum sur l’immigration. Emmanuel Macron, pourtant pro-européen, soutient aussi que la campagne sera centrée sur ce thème.

Pourtant, selon un sondage du groupe de réfléxion European Council on Foreign Relations (ECFR), le sujet n’a pas tant d’importance pour les Européens. Ils s’inquiètent davantage de problèmes nationaux comme la corruption, le coût de la vie, la santé, le logement et le chômage. C’est notamment le cas pour la France : 36 % des sondés estiment que le coût de la vie est le principal problème, contre seulement 21 % qui évoquent la question de l’immigration.

D’autres consultations, comme celle de WeEuropeans ou les consultations citoyennes sur l’Europe en France, arrivaient à des conclusions similaires.

Les citoyens lambda veulent une Europe portée sur le climat et le social

Les attentes communes des Européens sont loin des clivages exacerbés par les politiques. C’est ce que souligne l’initiative WeEuropeans, qui a mobilisé 2 millions de personnes et suscité 30 000 propositions.

« Viktor Orbán, Matteo Salvini et Steve Bannon essayent de transformer ces élections en un référendum sur l’immigration, en mobilisant une coalition de souverainistes pour démanteler l’UE de l’intérieur », estime Mark Leonard, directeur de l’ECFR. « Les résultats devraient mettre du baume au cœur aux pro-européens, et montrent qu’il y a encore des voix à gagner sur des sujets majeurs comme le changement climatique, la santé, le logement, et les conditions de vie. »

Pourquoi Steve Bannon veut la peau de l’Europe

L’ex-stratège de Trump fait de l’œil aux partis d’extrême droite en Europe et ouvre une fondation à Bruxelles pour faire émerger un « super-groupe » et paralyser les institutions européennes. Un article de notre partenaire Ouest France.

En Europe occidentale, les électeurs sont largement favorables aux efforts de relocalisation des réfugiés, montre le sondage réalisé par YouGov dans 14 États membres de l’UE, représentant 80 % des sièges du Parlement européen. En Allemagne, en Grèce, en Italie, aux Pays-Bas et en Suède, les pays les plus touchés par la crise migratoire de 2015, les électeurs défendent d’arrache pied cette proposition de la Commission européenne, qui ne s’est jamais concrétisée faute d’accord des pays de l’Est.

Le sondage révèle surtout des priorités et préoccupations diverses en fonction du contexte national. Ainsi, les citoyens grecs, italiens et hongrois sont particulièrement inquiets de la corruption qui ronge leur pays. Les Espagnols (42 % des interrogés) estiment que le chômage est davantage un problème que l’immigration.

L’environnement, une priorité

En matière économique, les Européens semblent plutôt pessimistes quant à la robustesse de leur économie nationale. Mais dans 13 des 14 pays interrogés, une majorité de citoyens réclame une meilleure protection de l’environnement – même si cela doit avoir des répercussions sur la croissance économique.

C’est le cas des Français, où 48 % des sondés pensent que la priorité devrait être mise sur la protection de l’environnement, même au détriment de la croissance économique.

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« Les responsables pro-européens risquent de faire une gaffe énorme s’ils acceptent l’idée répandue par les partis anti-UE selon laquelle cette élection dépend de la problématique de l’immigration », poursuit Mark Leonard.

« Pour mobiliser ces électeurs-là, les partis pro-européens vont toutefois fournir une évaluation sérieuse et honnête des échecs de l’UE. »

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