La campagne d’ingérence de Poutine dans les affaires occidentales s’intensifie

Vladimir Poutine, président de la fédération de Russie. [Frederic Legrand - COMEO/Shutterstock]

Espionnage, désinformation, menaces, les « mesures actives » de Poutine pour déstabiliser les sociétés et les gouvernements européens se multiplient, selon un rapport du Conseil européen pour les relations internationales.

Selon le rapport du Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), l’objectif général du Kremlin vise « à affaiblir l’Union européenne et l’OTAN, et à éloigner l’Europe des États-Unis ». Pour cela, Vladimir Poutine s’entoure de plusieurs acteurs, étatiques ou non, qui l’aident à appliquer ces « mesures actives ». Il peut s’agir de membres de la communauté religieuse, des lobbies de l’industrie, de son administration, des services de renseignement, de l’armée, bref tous ceux qui sont « désireux de plaire au Kremlin », précise le rapport.

Que ce soit en finançant les campagnes de partis politiques populistes ou via des campagnes de désinformation, le Kremlin lui-même n’hésite pas à mettre la main à la pâte.

« Le cas Lisa »

Un exemple criant du détournement par la Russie d’un fait divers pour en faire une affaire d’État est « le cas Lisa » en 2016. Une jeune fille germano-russe de 13 ans disparaît durant 30 heures à Berlin et affirme avoir été enlevée et violée par trois hommes « de type méditerranéen ». La jeune fille revient sur ses propos et les résultats de l’enquête de la police berlinoise indiquent qu’elle n’a en effet ni été kidnappée ni violée.

Sur ce, la famille de l’adolescente accuse les policiers d’avoir obligé leur fille à revenir sur ses accusations. Les médias russes s’empressent de relayer ces informations et une chaîne proche du Kremlin, citée par le Monde, va jusqu’à déclarer : « les habitants du quartier assurent que les problèmes avec les migrants du Proche-Orient ont commencé bien avant les événements de Cologne. […] En Allemagne et en Suède, des habitantes sont régulièrement violées par des réfugiés, il y a de nombreux cas d’agressions sexuelles, mais les autorités locales et la police cachent ces faits et n’ouvrent pas d’enquêtes criminelles. »

Une affaire qui fait vite les choux gras des médias russes et des groupes d’extrême droite allemands qui incitent les russophones installés en Allemagne à manifester et à la haine contre les réfugiés. L’affaire prend l’allure d’une affaire d’État lorsque le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, accuse Berlin de dissimuler des informations. Entre les médias russes diffusés en Europe dans plusieurs langues européennes, comme Russia Today ou Sputnik, et le Kremlin, il n’y donc qu’un pas.

La propagande russe aura sa chaîne en français d’ici 2018

RT devrait lancer une chaîne francophone, installée à Paris, en décembre prochain.

Prête à tout pour empêcher l’adhésion à l’OTAN

Le rapport revient sur les différentes tentatives de la Russie pour empêcher des États européens d’adhérer à l’OTAN.

Moscou est notamment accusée d’être à l’origine du coup d’État avorté le 16 octobre 2016, jour des élections législatives, au Monténégro. « Nous avons eu des preuves que les structures nationalistes de Russie sont derrière [le complot], mais désormais aussi que les organes d’État russes sont impliqués à un certain niveau », affirmait en début d’année le procureur monténégrin, Milivoje Katnic, suite aux résultats de l’enquête.

Selon le parquet, les comploteurs prévoyaient d’entrer de force dans le parlement pour proclamer la victoire de l’opposition pro-russe. L’unique motivation de ce coup d’État était « d’empêcher le Monténégro d’entrer dans l’OTAN », affirme le parquet monténégrin.

Poutine nomme un ambassadeur controversé aux États-Unis

Vladimir Poutine a désigné Anatoly Antonov comme prochain ambassadeur russe à Washington. Ancien ministre de la défense, il est actuellement sous le coup de sanctions européennes pour son rôle dans le conflit ukrainien.

Même chose en Finlande, qui n’est pas membre de l’OTAN mais qui a signé en 2016 un pacte de coopération limitée en matière de défense avec les États-Unis. Quelques heures après la ratification, des avions de guerre russes sont apparus dans l’espace aérien finlandais.

Une violation qui n’est pas nouvelle, puisque des radars avaient déjà repéré des avions russes à plusieurs reprises en 2014 lorsque la Finlande s’intéressait à un pacte renforçant sa collaboration avec l’OTAN.

Cette fois-ci, la menace militaire russe s’est accompagnée d’une campagne de trolling et de désinformation de grande ampleur, ainsi que des avertissements de représailles de la part de Vladimir Poutine en personne si la Finlande sautait le pas de l’adhésion à l’OTAN.

La Russie installe illégalement des missiles visant l'Europe

La Russie a déployé des missiles de croisière visant l’Europe occidentale, ce qui constitue une violation du traité de 1987 sur les Forces nucléaires intermédiaire, a déclaré un général américain le 8 mars.

À l’instar de la Finlande, qui partage une frontière de plus de mille kilomètres avec la Russie, tous les pays européens subissent l’influence de la Russie, mais à des niveaux d’exposition différents, explique le rapport, qui souligne qu’il est essentiel que l’UE investisse dans des mesures de contre-espionnage, dans des capacités de défense et dans la lutte contre la désinformation.

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