Les politologues polonais qui prévoyaient une élection sur le fil du rasoir ont vu juste. Selon un sondage de l’institut Ipsos, le président conservateur polonais Andrzej Duda dépassait lundi matin d’une courte tête (51 %) le maire libéral europhile de Varsovie Rafal Trzaskowski (49 %), à l’issue du second tour de l’élection présidentielle. Des chiffres confirmés par des résultats officiels presque complets annoncés lundi matin.

“Jamais un scrutin présidentiel n’aura été marqué par des résultats aussi serrés depuis la chute du communisme, en 1989”, analysait dimanche, en début de soirée, le correspondant de la BBC à Varsovie Adam Easton, lors de la parution d’un premier sondage sortie des urnes donnant une différence moins importante entre les deux candidats (50,4 % pour Duda et 49,6 % pour Trzaskowski).

“Le signe d’un pays profondément divisé”

Les sondages n’ayant pas mis en évidence de vainqueur, la commission électorale polonaise avait annoncé tard dimanche soir qu’elle ne publierait pas de décompte partiel des voix et qu’elle n’annoncerait les résultats qu’une fois le comptage des bulletins de vote terminé, rapporte l’édition européenne du site Politico.

Pour le magazine, ces résultats sont “le signe d’un pays profondément divisé, la moitié des électeurs polonais désirant continuer avec Duda et la politique du parti au pouvoir, le PiS, qui souhaite restructurer radicalement la Pologne, l’autre moitié voulant faire avancer le pays dans une direction plus proeuropéenne”.

L’élection de dimanche a aussi été marquée par un taux de participation très élevé pour le pays, 67,9 %, supérieur à celui du premier tour, (64,4 %), remarque Der Spiegel.

“C’est le signe que la démocratie polonaise est vibrante”, analyse le politologue Pawel Zerka dans un entretien accordé au Washington Post. Mais les premières estimations de dimanche “sont aussi une mauvaise nouvelle car elles montrent à quel point la société est partagée en tribus ou en camps. Elle est clairement divisée en deux.”

Les expats polonais “peuvent encore faire basculer l’élection”

Malgré la légère avance de Duda, les jeux ne sont pas encore faits. Les sondages de sortie des urnes ne prennent pas en compte les votes des citoyens polonais qui vivent à l’étranger, rappelle Politico. Ces quelque 500 000 électeurs “peuvent encore faire basculer l’élection” au profit du maire de Varsovie, estime Euro News, la grande majorité des expatriés étant favorables à Trzaskowski.

Au Royaume-Uni, 48,4 % des 180 000 Polonais installés outre-Manche avaient voté pour le centriste au premier tour, tandis que le président conservateur n’avait recueilli que 15,5 % des suffrages, rappelle le site Internet de la chaîne européenne.