En Turquie, chaque jour apporte son lot d’arrestations d’opposants. Entre vendredi et samedi 5 novembre, une dizaine de responsables du Parti démocratique des peuples (HDP), principal mouvement prokurde de Turquie, ont été appréhendés par la police. Par ailleurs, douze députés du parti, dont les coprésidents Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, sont toujours en garde à vue, soupçonnés de collusion avec la rébellion armée kurde.

Dans la journée de samedi, neuf journalistes du quotidien d’opposition kemaliste Cumhuriyet (La République) ont été placés en détention préventive, accusés eux aussi de soutenir les rebelles kurdes ou d’appartenir aux réseaux du prédicateur Fethullah Gülen qu’Ankara considère comme l’instigateur du coup d’Etat manqué du 15 juillet dernier.

Culte de la personnalité

“Alors que j’écris ces lignes, mes compatriotes n’ont plus la possibilité d’utiliser les réseaux sociaux pour protester. Le fonctionnement de Twitter est perturbé, Facebook est inaccessible alors que des applications de messagerie instantanée comme Whatsapp restent bloquées”, rappelle le journaliste de Cumhuriyet Asli Aydintasbas dans une tribune publiée le 4 novembre par The Washington Post. Et de poursuivre :

“L’histoire de la Turquie est en train de devenir la saga déchirante d’une démocratie musulmane naissante qui tourne le dos à sa chance historique d’aller vers le progrès pour se contenter d’un modèle familier de despotisme au Moyen-Orient, et succombant à un culte rétrograde de la personnalité”.

Cette dérive inquiète de plus en plus l’Union européenne et les Etats-Unis qui ont condamné cette vague d’arrestations.