En Turquie, chaque jour apporte son lot d’arrestations d’opposants. Entre vendredi et samedi 5 novembre, une dizaine de responsables du Parti démocratique des peuples (HDP), principal mouvement prokurde de Turquie, ont été appréhendés par la police. Par ailleurs, douze députés du parti, dont les coprésidents Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, sont toujours en garde à vue, soupçonnés de collusion avec la rébellion armée kurde.
Dans la journée de samedi, neuf journalistes du quotidien d’opposition kemaliste Cumhuriyet (La République) ont été placés en détention préventive, accusés eux aussi de soutenir les rebelles kurdes ou d’appartenir aux réseaux du prédicateur Fethullah Gülen qu’Ankara considère comme l’instigateur du coup d’Etat manqué du 15 juillet dernier.
Culte de la personnalité
“Alors que j’écris ces lignes, mes compatriotes n’ont plus la possibilité d’utiliser les réseaux sociaux pour protester. Le fonctionnement de Twitter est perturbé, Facebook est inaccessible alors que des applications de messagerie instantanée comme Whatsapp restent bloquées”, rappelle le journaliste de Cumhuriyet Asli Aydintasbas dans une tribune publiée le 4 novembre par The Washington Post. Et de poursuivre :
“L’histoire de la Turquie est en train de devenir la saga déchirante d’une démocratie musulmane naissante qui tourne le dos à sa chance historique d’aller vers le progrès pour se contenter d’un modèle familier de despotisme au Moyen-Orient, et succombant à un culte rétrograde de la personnalité”.
Cette dérive inquiète de plus en plus l’Union européenne et les Etats-Unis qui ont condamné cette vague d’arrestations.
Le grand quotidien de la capitale américaine et l’un des titres les plus influents de la presse mondiale. Traditionnellement au centre droit, The Washington Post doit sa réputation à son légendaire travail d’enquête dans l’affaire du Watergate, qui entraîna la chute du président Nixon au début des années 1970. Il se distingue aussi par sa couverture très pointue de la vie politique américaine, ses analyses, ses reportages, ainsi que par ses nombreux chroniqueurs de tous bords politiques.
Premier quotidien à paraître sept jours sur sept (en 1880) et à charger un médiateur de veiller sur l’indépendance du journal (dès 1970), The WP a souvent su évoluer avant les autres. C’est à partir des années 1930 qu’il prend vraiment son essor, suite à son acquisition par Eugene Meyer, avant de connaître son heure de gloire sous la houlette de sa fille, Katharine Graham.
En 2013, le journal contrôlé durant quatre-vingts ans par la famille Meyer-Graham a été racheté par le patron d’Amazon, Jeff Bezos. Depuis, le Post a mis l’accent sur les nouvelles technologies. Les développeurs et datascientifiques cohabitent dans ses nouveaux bureaux avec les journalistes ; les titres sont souvent plus accrocheurs et adaptés au web. Jeff Bezos a investi des sommes importantes qui ont permis l’embauche de 140 journalistes, après des années de licenciements. Mais les recettes restent insuffisantes et l’avenir suscite toujours des inquiétudes.
Le site du Washington Post est très complet et attire de nombreux internautes de l’étranger. Il a expérimenté ces dernières années des formats très ambitieux, notamment en matière de journalisme immersif.