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Élysée

La presse américaine cherche le but caché de l'entente Macron-Trump

Emmanuel Macron et Donald Trump le 25 mai 2017 à Bruxelles.

Emmanuel Macron et Donald Trump le 25 mai 2017 à Bruxelles. - Mandel NGAN / AFP

Emmanuel Macron arrive à Washington ce lundi pour une visite d'Etat de trois jours, la première de ce type sous la présidence de Donald Trump. S'interrogeant sur la portée de cet événement, de nombreux médias américains se montrent sceptiques, doutant que la "bonne relation" entre les deux chefs d'Etat se traduise par de réelles avancées politiques.

Ils ont "une relation très spéciale", une "relation personnelle très forte". Emmanuel Macron le répète à l'envi, comme dans son interview à la chaîne conservatrice Fox News diffusée dimanche: il n'entretient pas n'importe quel rapport avec son homologue américain. Le président français, accompagné de son épouse, doit atterrir à 19h (heure française) à Washington, pour une visite d'Etat de trois jours aux Etats-Unis. C'est la première de ce type depuis le début de la présidence de Donald Trump. Ce qui indique, au moins sur le plan symbolique, que le président américain lui accorde en retour une place particulière parmi les chefs d'Etats étrangers.

Mais dans la presse américaine, qui s'interroge sur la portée de cette visite, c'est le scepticisme qui prévaut. Pour le New Yorker, Bloomberg, le New York Times ou encore CNN, les efforts d'Emmanuel Macron pour séduire Donald Trump font partie d'une stratégie bien ficelée.

"La séduction de Trump par Macron est un exercice déterminé. La question n'est pas de savoir si Trump et Macron sont amis; c'est de savoir pourquoi, et dans quel but", écrit le New Yorker.

Une bromance seulement théorique

Le célèbre hebdomadaire, examinant la théorie de la "bromance" entre les deux chefs d'Etats, n'épargne pas le président américain. Ce mot-valise, un condensé de "bro" (frangin) et "romance" (idylle), désigne une relation amicale forte et platonique entre deux hommes.

"La théorie de la bromance de Trump et Macron repose sur le fait que leur alliance est personnelle et spéciale. Du point de vue de Trump, elle l'est peut-être. La flatterie joue un rôle important dans le vide intellectuel et moral de sa présidence (...). Trump peut facilement trouver un "type super" (comme il l'a désigné par le passé, ndlr) en qui que ce soit qui le fasse se sentir important", poursuit le magazine.

Macron "a construit sa carrière" en flattant

Et de comparer la relation d'Emmanuel Macron et de Donald Trump à celle qu'a entretenu l'ancien ministre français avec son président, François Hollande. Il estimait qu'avec lui "le dernier qui parle l'emporte". Le New York Times fait la même comparaison, et va plus loin:

"Monsieur Macron a construit une carrière en offrant une attention respectueuse et flatteuse à des figures de pouvoir plus âgées que lui. Monsieur Trump n'est que le dernier dans la succession de ces hommes", écrit le quotidien américain, citant François Hollande mais aussi Jacques Attali en exemple.

Quant à la "bromance" entre les deux chefs d'Etat, elle est aussi fictive pour le New York Times. "Il ne faut pas confondre l'attention de Monsieur Macron envers les goûts de Monsieur Trump avec une véritable bromance, et l'entourage de monsieur Macron s'agace quand on suggère que tous deux pourraient être amis".

"Trump ne s'en souvient plus une fois que vous avez quitté la pièce"

Pour Jeremy Shapiro, directeur de recherche au Conseil européen des relations internationales, un think tank basé à Londres, la visite d'Emmanuel Macron, au-delà des symboles, pourrait bien ne faire aucune différence sur le plan politique.

"Cette visite diffusera le récit selon lequel que les deux hommes ont une bonne relation, mais elle ne fera peut-être pas de vraie différence. Une relation personnelle c'est très bien, mais Trump ne s'en souvient plus une fois que vous avez quitté la pièce", lance-t-il, interrogé par Bloomberg.

Et si ça fonctionnait?

Pour CNN, cette relation vendue comme si spéciale entre les deux hommes a un prix pour Trump et pour Macron, venu pour aborder les dossiers syrien, iranien et russe, et qui espère jouer à nouveau les médiateurs à l'international. Pour le site d'infos Axios, qui analyse le fonctionnement de Donald Trump avec ses homologues étrangers, la tactique du président français pourrait avoir son importance.

"D'après près d'une dizaine de sources qui se sont trouvées dans la même pièce que Donald Trump lors de ses interactions avec des chefs d'Etat étrangers, le président voit les relations internationales comme une alchimie entre des individus", écrit Axios.

Notant que les échanges du président américain avec ses homologues sont souvent improvisés, le site ajoute que sa politique internationale dépend "presque entièrement de ses rapports avec les leaders mondiaux".

Charlie Vandekerkhove