VIDEO. Elections européennes: Poussée populiste et verte, forte participation... Trois confirmations et trois surprises des européennes

RESULTATS Malgré la poussée des populistes, les partis pro-européens sont parvenus à contenir la percée des eurosceptiques lors d’un scrutin marqué par une forte participation et la progression des Verts

N.Sa avec AFP
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Illustration du comptage de votes pendant les élections européennes du 26 mai 2019.
Illustration du comptage de votes pendant les élections européennes du 26 mai 2019. — KONRAD K./SIPA

Le verdict est tombé ! Si le scrutin a confirmé les tendances observées dans les derniers sondages il nous aura quand même réservé quelques surprises.

Trois tendances confirmées

Eurosceptiques et populistes en hausse

Le Rassemblement national (RN, ex-FN) arrive en tête avec un score qui serait – selon les estimations – compris entre 23 % et 24 % des voix – stable par rapport à 2014 (24,9 %) – mais devance la liste de la majorité présidentielle (autour de 22,5 %) ; en Allemagne, la coalition d’Angela Merkel au pouvoir reste en tête, mais l’AFD d’extrême droite atteint son objectif avec 10,5 % (7,1 % en 2014). Les forces populistes et eurosceptiques sortent renforcées du scrutin. Cependant elles n’atteignent pas toujours les prévisions les plus élevées, notamment en Italie et en Finlande. Et surtout, leurs divisions profondes risquent d’entraver leur capacité à former une coalition homogène dans le nouvel hémicycle, estiment les analystes.

LREM arrive 2e et reste solide

« La catastrophe annoncée pour le président de la République n’aura pas eu lieu », souligne Zaki Laïdi, politologue à Sciences po. « Les forces anti-Macron, hors Rassemblement national, ne sortent pas très renforcées ; le RN fait un score important mais pas spectaculaire comparé à celui de 2014 (24,9 %). Si ce n’est pas un succès pour Emmanuel Macron, ce n’est pas non plus un échec », dit-il. Dans un contexte d'« impopularité » après des mois de manifestations des gilets jaunes, « il résiste », estime Christelle Craplet, directrice d’études chez BVA.

La gauche morcelée en France

Les premières estimations de vote aux élections européennes les donnent à égalité avec la liste PS-Place Publique (6,18) : La France insoumise (6,31 %), qui voulait s’imposer comme le premier parti de gauche lors de ces élections, a perdu son pari. La liste de l’ex-candidat PS de la présidentielle Benoit Hamon Génération. s n’obtient, elle, que 3 % à 3,5 % des suffrages, sous la barre des 5 % des suffrages exprimés nécessaires pour avoir des députés européens.

Trois surprises

Participation en forte hausse

Déjouant les pronostics, les électeurs européens se sont massivement rendus aux urnes : la participation atteindrait 51 % dans 27 pays de l’Union selon les chiffres communiqués par le Parlement. En Allemagne, elle a bondi de 11 points par rapport à 2014 à 59 % et, en France, avec un taux compris entre 51 et 54 % selon les instituts de sondage, elle a dépassé de sept à dix points celle du dernier scrutin de 2014 – soit le taux le plus élevé depuis 1994. Plusieurs autres pays étaient sur la même ligne : autour de 35 % en Espagne contre 24 % en 2014 ; 15 % en Pologne contre un peu plus de 7 % ; ou encore 17 % en Hongrie contre 11,5 % au dernier scrutin européen. Auparavant, la participation, en baisse régulière au fil des consultations, était tombée à 42 % lors de la dernière consultation en 2014.

La poussée verte

Les Verts allemands ont quasiment doublé leur score à 20,5-22 % (contre 10,7 % en 2014). Une poussée également nette en France où la liste Europe-Ecologie Les Verts devient la troisième force du pays, rassemblant de 12 à 13 % des voix contre 8,9 % en 2014, devant la droite classique des Républicains (autour de 8 %). La mobilisation autour de la Suédoise de 16 ans Greta Thunberg, qui a rassemblé des centaines de milliers de jeunes Européens dans les rues ces derniers mois, a visiblement payé – et ce bien que les lycéens, très présents dans les manifestations, soient généralement trop jeunes pour voter. En Finlande, les Verts sont la formation qui a le plus progressé avec près de 15 % des voix. « Les Verts, qui forment traditionnellement un groupe homogène et cohérent au Parlement européen, vont sans doute rester entre eux » – forts de 67 sièges –, avance Manuel Lafont-Rapnouil, directeur du bureau parisien de l’European Council on Foreign Relations (ECFR), sans exclure de possibles « transfuges » issus des rangs sociaux-démocrates, affaiblis.

La gamelle LR

LR, sous le seuil des 10 %, accuse un score bien inférieur à ses attentes et se retrouve dans une situation très préoccupante, selon les politologues. Le parti de Laurent Wauquiez ne parvient pas à faire revivre une droite républicaine, et perd des électeurs au profit du RN et de LREM. Après avoir mis la défaite sur le dos d'« Emmanuel Macron, [qui] a réduit le débat européen à une croisade contre Marine Le Pen », Laurent Wauquiez a lancé un appel au secours en direction des centristes : « La reconstruction sera longue et exigeante. La droite et le centre peuvent s’unir. Une majorité de Français partagent les valeurs que nous portons. Nous avons trois ans pour faire naître de l’espoir. »