Elections européennes: Espagne, Pays-Bas, Danemark... Les pays épargnés par la poussée eurosceptique

RESULTATS Ces pays ont été transformés par leur appartenance à l’UE

20 Minutes avec AFP
— 
Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez à Madrid, le 26 mai 2019.
Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez à Madrid, le 26 mai 2019. — AFP

Les partis de Marine Le Pen, Matteo Salvini ou Nigel Farage ont fait le plein de voix ce week-end pour les élections européennes. La poussée eurosceptique, malgré tout contenue – le Parti populaire européen est donné comme première force de l’hémicycle –, a cependant épargné plusieurs pays du continent ou s’y est avérée moins importante que prévu, comme en Espagne, au Portugal, en Irlande, aux Pays-Bas, au Danemark ou dans les pays baltes. Tour d’horizon.

 

En Espagne, l’UE « synonyme de liberté »

En Espagne, qui envoie à Strasbourg le cinquième contingent de députés européens, les socialistes du chef du gouvernement Pedro Sanchez ont comme prévu remporté une large victoire avec près de 33 % des voix devant les conservateurs du Parti Populaire (PP), eux aussi pro-européens.

Contrairement à d’autres grands pays de l’UE – comme la France ou l’Italie qui ont placé en tête du scrutin l’extrême droite de Marine Le Pen et de Matteo Salvini – les citoyens espagnols « ne sont pas divisés sur l’intégration européenne », explique Jose Ignacio Torreblanca du cercle de réflexion European Council on Foreign Relations.

Même Vox, parti d’extrême droite qui a cédé du terrain dimanche (environ 6 % lors des européennes contre 10 % lors des législatives fin avril), ne fait pas de l’euroscepticisme son fonds de commerce, l’argument n’ayant pas de débouché électoral dans le pays. Car l’UE y est synonyme de liberté. « L’intégration à l’Europe (en 1986) et le retour à la démocratie (après la fin de la dictature franquiste en 1975) sont les deux faces de la même médaille », poursuit l’analyste.

 

L’Irlande « est devenue la porte d’entrée des investissements des Gafa »

Pour Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, le rapport est évident entre les bénéfices que ces pays ont tirés de l’UE et l’absence de forces eurosceptiques notables. L’adhésion à l’UE a notamment propulsé l’Espagne dans la modernité. Son réseau de trains à grande vitesse, le plus étendu d’Europe, co-financé par des fonds européens, en est une des manifestations les plus visibles.

« Ces pays ont été transformés par leur appartenance à l’UE », dit-il. Dublin par exemple « est devenu la porte d’entrée des investissements des Gafa (les géants de la technologie Google, Amazon, Facebook et Apple) en Europe », et les transformations ont aussi été spectaculaires en Espagne, au Portugal ou dans les pays baltes. Selon le dernier Eurobaromètre publié par le Parlement européen, l’Irlande fait partie des pays les plus europhiles, 83 % de ses citoyens considérant positivement l’adhésion de leur pays à l’UE, nettement au-dessus de la moyenne de 61 % pour les 27 (sans le Royaume-Uni).

 

En Hongrie ou en Pologne, l’UE « heurte la volonté de souveraineté nationale »

L’Irlande – où les centristes pro-européens du Fine Gael sont donnés en tête selon des estimations – a largement bénéficié de son adhésion à l’UE en 1973 : 42 milliards d’euros de fonds européens injectés, 700.000 emplois créés, un commerce extérieur multiplié par 90, selon des statistiques irlandaises.

Selon Jean-Dominique Giuliani, c’est l’histoire qui explique qu’en Hongrie et en Pologne, qui ont pourtant elles aussi largement bénéficié économiquement de leur adhésion, le souverainiste Viktor Orban et les conservateurs nationalistes de Jaroslaw Kaczynski soient au pouvoir et aient remporté le scrutin européen. « Pour l’Espagne, l’Europe c’est la démocratie et la prospérité. En Hongrie ou en Pologne, l’Europe c’est la prospérité, la sécurité mais c’est quelque chose qui vient heurter la volonté de retrouver une souveraineté nationale », vingt ans après la fin du communisme, dit-il.

 

Au Portugal, le score de la droite populiste est négligeable

Au Portugal, entré dans l’UE en même temps que l’Espagne lui aussi après des décennies de dictature, les socialistes du Premier ministre Antonio Costa ont également remporté le scrutin tandis que le score de la droite populiste a été négligeable.

Dans les pays baltes – anciennes républiques soviétiques qui ont adhéré en 2004 à l’UE, synonyme de prospérité et de sécurité face au voisin russe –, la Lituanie n’avait pas de force eurosceptique notable en lice au scrutin européen. La présidentielle y a aussi montré dimanche la faiblesse du courant populiste, le vainqueur Gitanas Nauseda et sa rivale Ingrida Simonyte étant tous les deux pro-Europe.

Aux Pays-Bas, selon des estimations, les électeurs néerlandais ont montré leur attachement à l’UE en plaçant en tête les travaillistes et non les populistes du FvD comme le prédisaient les sondages. Tandis qu’au Danemark, le Parti du peuple danois, premier parti à l’issue des Européennes de 2014 avec 26,6 % des voix, a dégringolé en recueillant à peine 11 % des suffrages.