MONDEReconnaissance de l'Etat palestinien: «La France réaffirme par ce vote sa présence diplomatique»

Reconnaissance de l'Etat palestinien: «La France réaffirme par ce vote sa présence diplomatique»

MONDEL'Assemblée nationale a adopté mardi après-midi, la résolution socialiste sur la reconnaissance d'un Etat palestinien…
Assemblée nationale, illustration.
Assemblée nationale, illustration.  - LCHAM/SIPA
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

Un premier pas. Soumise aux députés par le groupe socialiste, la résolution qui «invite le gouvernement à reconnaître l'Etat de Palestine en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit» a été adoptée ce mardi par 339 voix contre 151. Et ce, en jugeant que «la solution des deux Etats, promue avec constance par la France et l'Union européenne, suppose la reconnaissance de l'Etat de Palestine aux côtés de celui d'Israël».

>>L'Assemblée adopte la résolution sur la reconnaissance de l'Etat palestinien

Un texte non contraignant pour l’exécutif qui intervient néanmoins au moment où les Palestiniens tentent de faire avancer leur cause à l'ONU. Pour Hugh Lovatt, responsable du projet Israël/Palestine du Conseil Européen des Relations Internationales, ce texte n’a certes qu’une «portée symbolique» mais n’en reste pas moins doté «d’une grande valeur».

«Des voies sont ouvertes dans le processus de négociations»

«Evidemment, il faut distinguer reconnaissance parlementaire et une reconnaissance au niveau national. La France n'est pas encore au niveau de la Suède (premier pays membre de l’Union européenne qui a reconnu la Palestine, ndlr)», explique-t-il. D’ailleurs, dans ce sens, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius a tenu a rappelé vendredi dernier que «l'exécutif, et lui seul, est juge de l'opportunité politique» de cette reconnaissance. «Mais désormais, des voies sont ouvertes dans le processus de négociations», note Hugh Lovatt. «La France réaffirme par ce vote sa présence diplomatique afin de créer les conditions nécessaires pour la reprise de négociations menant vers une solution à deux états», ajoute le spécialiste.

«La France veut créer les conditions d'un effort collectif international en faveur de la paix», a expliqué Laurent Fabius qui soutient un calendrier de deux ans pour aboutir à un règlement du conflit israélo-palestinien, en relançant dans un premier temps l'idée d'une conférence sur le Proche-Orient que la France est prête à accueillir. «Et si ces efforts échouent, si cette tentative ultime de solution négociée n'aboutit pas, alors il faudra que la France prenne ses responsabilités en reconnaissant sans délai l'Etat de Palestine», a-t-il conclu.

«La France doit encore trouver sa place»

Si la France a «toujours eu un rôle certain à la table des négociations malgré le leadership américain», affirme Hugh Lovatt, ce vote intervient, selon lui dans une logique de «rapprochement entre la France, l’Egypte et l’Arabie saoudite depuis deux ans». «La France a donc un rôle plus important à jouer sur la scène mondiale, «d’autant que les Etats-Unis sont actuellement en retrait sur ce sujet». «Mais elle doit encore trouver sa place» dans ce dossier pour les années à venir.

Car malgré ce premier soutien français en faveur d’un Etat palestinien, «la réaction de Washington n’est pas encore claire, mais a jusqu’à présent menacé d’exercer son veto», sur la question ajoute-t-il. Selon lui, le défi pour la France sera donc «d’arriver à un consensus avec les États-Unis et en même temps de proposer une résolution capable de changer les paramètres du jeu».

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